La saga de l'un des joyaux du secteur technologique canadien vit ses derniers moments. Le gouvernement fédéral s'apprêterait à annoncer la vente d'Énergie atomique du Canada limitée (EACL) à la firme d'ingénierie Groupe SNC-Lavalin. L'entreprise québécoise n'a pas voulu confirmer ces informations mais les représentants des deux parties travailleraient présentement à régler les derniers détails du contrat.

EACL a reçu des milliards de dollars d'aide gouvernementale. L'entreprise a subi d'importants dépassements de coûts pour plusieurs projets au cours des dernières années, pendant qu'elle cherchait désespérément un acheteur.

SNC-Lavalin était la seule entreprise intéressée à reprendre la société d'État aux conditions imposées par Ottawa.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper n'a pas été très convaincant dans ses arguments pour la vente d'EACL. Tory Teneycke, son porte-parole de l'époque, avait qualifié l'entreprise de «plus important gaspillage d'argent public, probablement, dans toute l'histoire du Canada».

Énergie atomique du Canada limitée fournit de la technologie et des services nucléaires à des compagnies d'électricité de plusieurs régions du monde. Pour sa part, SNC-Lavalin, fondée en 1911, est l'un des plus grands groupes d'ingénierie et de construction au monde, et un acteur majeur en matière de propriété d'infrastructures et de services d'exploitation et d'entretien.

Le Nouveau Parti démocratique est mécontent du processus qui a mené à la vente. «L'une des plus grandes sociétés d'État du Canada sera vendue dans un mécanisme à un seul soumissionnaire mené dans le plus grand secret», a critiqué le député néo-démocrate Nathan Cullen dans un communiqué.

«Les Canadiens sont inquiets, et avec raison, de ne pas en avoir pour leur argent, et c'est pourquoi nous demandons au vérificateur général de se pencher sur l'entente.»

En mai 2009, le gouvernement du premier ministre Stephen Harper a annoncé qu'il voulait scinder la division vente de réacteurs, rentable, et la division recherche et développement, coûteuse.

Cette décision coïncidait avec la crise de Chalk River. Pendant 15 mois, le réacteur avait été arrêté, causant une pénurie d'isotopes médicaux notamment utilisés dans le traitement de cancers.

Le montant de l'acquisition pour la firme d'ingénierie montréalaise est encore inconnu. La société d'État a subi un dur revers avec les problèmes de son réacteur de Chalk River, et l'accident à la centrale japonaise de Fukushima a fait baisser la cote du nucléaire sur la planète.

L'acquisition d'EACL semble être une bonne nouvelle aux yeux des marchés. La nouvelle a fait gagner 87 cents, à 56,64 $, à l'action de SNC-Lavalin à la Bourse de Toronto.