Si l'industrie du gaz de schiste reste paralysée encore longtemps au Québec, Junex est prête à aller voir ailleurs pour conserver sa main-d'oeuvre et son expertise.

«On va rester en selle», a assuré hier le président et chef de la direction de l'entreprise, Jean-Yves Lavoie, à ses actionnaires réunis en assemblée annuelle.

L'étude environnementale stratégique exigée par le gouvernement condamne Junex et les autres entreprises intéressées par le gaz contenu dans les basses terres du Saint-Laurent à la quasi-inactivité pour une période de 15 à 30 mois.

Pétrole en Gaspésie

Dans l'intervalle, Junex entend se consacrer à son deuxième projet intéressant, le pétrole en Gaspésie. L'entreprise est en attente d'un permis pour forer un puits d'exploration sur la propriété Galt qu'elle détient en partenariat avec Bernard Lemaire.

Si ce permis se fait attendre lui aussi, Junex ira travailler ailleurs, notamment dans l'Ouest où l'industrie est en effervescence, a expliqué Jean-Yves Lavoie lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

Cela ne l'empêchera pas de participer activement à l'étude environnementale stratégique qui aura lieu au Québec. «Il faut faire acte d'humilité, dit-il. L'accessibilité sociale, c'est une nécessité.»

Une décision qui fait mal

Junex détient la moitié de tous les permis d'exploration de gaz de schiste remis au Québec. La controverse qui a forcé le gouvernement à ralentir les ardeurs de l'industrie a fait mal à l'entreprise, dont l'action a dégringolé de plus de 60% depuis le mois de septembre dernier. Hier, le titre a fini la journée à 77 cents, en hausse de 6 cents.

Jean-Yves Lavoie ne désespère pas. «Je regarde la dette qu'on a. Les gens ne sont pas fous. La plupart se disent: si on a du gaz, pourquoi on ne l'exploiterait pas?»

Les liens établis récemment entre la fracturation hydraulique, technique utilisée pour extraire le gaz de la roche dans laquelle il est enfermé, et les tremblements de terre n'entament pas son optimisme. Ce n'est pas sérieux, selon lui.

Un peu d'amertume point quand même derrière cet optimisme. Depuis 10 ans, Jean-Yves Lavoie et son associé des premiers jours, Jacques Aubert, pensaient avoir bâti quelque chose de valable à partir de rien. Après avoir investi 55 millions, l'entreprise a trouvé du gaz en quantité importante. «Non seulement on ne nous a pas applaudis, mais on se fait dire qu'on est des voleurs», déplore-t-il.

Pour l'exercice terminé le 31 décembre, Junex affiche une perte de 2,4 millions, deux fois plus élevée que celle de 2009.

L'inactivité forcée n'a pas que des inconvénients pour Junex. Elle lui permet de faire durer ses liquidités, qui atteignent 17 millions. «On ne veut pas retourner au marché dans la situation actuelle», a dit Jean-Yves Lavoie à ses actionnaires.