La contribution d'Hydro-Québec au Plan Nord sera d'établir plusieurs miniréseaux autonomes pour répondre aux besoins des communautés et des sociétés minières. Plus tard, ces réseaux autonomes pourront être reliés au réseau principal, a indiqué hier Thierry Vandal.

«On a identifié certains projets potentiels, a dit le président-directeur général de la société d'État. Il est trop tôt pour en parler, mais on est en contact avec certains des grands développeurs qui connaissent le territoire du Plan Nord.»

Le Plan Nord identifie un potentiel hydroélectrique de 3500 mégawatts supplémentaires à développer, en plus des 4500 mégawatts déjà dans les cartons d'Hydro-Québec.

Même si le coût pour développer cette énergie est élevé, Hydro s'y intéresse parce que les entreprises sont prêtes à payer plus cher que dans le sud du Québec. «Un développement minier important qui a besoin d'électricité, son alternative, c'est les groupes diesel qui produisent de l'électricité à un prix très élevé», a expliqué M. Vandal.

L'électricité produite par des génératrices au diesel coûte 50 cents le kilowattheure. Hydro pense pouvoir produire de l'électricité à bien meilleur coût avec des centrales de taille moyenne combinées à des éoliennes et des hydroliennes, sur certaines rivières.

De nouvelles possibilités

Le Plan Nord ouvre de nouvelles possibilités assez intéressantes» pour Hydro-Québec, selon son PDG.

«On continue avec les grands projets sur réseau comme la Romaine, mais il y a aussi des projets de taille plus réduite qu'il est difficile de développer pour les marchés dans le Sud», a fait savoir Thierry Vandal après s'être adressé aux membres des Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ).

Pour Hydro-Québec, une centrale de taille moyenne produit «quelques centaines de mégawatts». Les projets plus modestes, de 50 mégawatts et moins, pourraient être développés par l'entreprise privée comme c'est le cas ailleurs au Québec.

Par ailleurs, ces miniréseaux autonomes pourraient un jour être reliés au réseau principal et acheminer de l'électricité vers les marchés du sud du Québec.

«La question est d'avoir une masse critique, a expliqué M. Vandal. On peut avoir une masse critique qui peut rentabiliser une ligne de transport qui permettrait de rejoindre le réseau.»

Chercher le courant

Le grand patron d'Hydro-Québec a profité de la tribune des Manufacturiers et exportateurs du Québec pour répliquer aux auteurs du film Chercher le courant, qui critique le projet hydroélectrique sur la rivière Romaine.

«C'est un beau film, mais ce n'est juste pas la réalité», a-t-il dit.

Contrairement aux prémisses des auteurs du film, la Romaine n'est pas la dernière grande rivière vierge du Québec. «Il y a 4500 rivières au Québec et seulement 50 centrales hydroélectriques», a-t-il rectifié, en nommant plusieurs rivières encore intactes, comme la Moisie et l'Ashapmushuan.

Le coût de l'électricité produite par les centrales de la Romaine sera de 6,5 cents le kilowattheure, et de 8,3 cents le kilowattheure en tenant compte du transport de l'électricité vers le sud du Québec.

Ça reste bien en deçà des énergies alternatives comme l'éolien, le solaire ou la biomasse, a-t-il plaidé.

À 6,5 cents le kilowattheure, le coût de l'énergie de la Romaine est actuellement supérieur à celui qu'Hydro peut obtenir sur le marché, a reconnu M. Vandal.

À long terme, les prix du marché vont augmenter, assure-t-il, malgré l'abondance du gaz de schiste.

À moyen terme, des centrales au charbon de 5000 mégawatts devront être mises au rancart pour des raisons environnementales dans le Nord-Est américain, a-t-il expliqué. Il faudra plus de gaz naturel pour remplacer le charbon. Son prix va augmenter, prédit Thierry Vandal.

«Il faut regarder à long terme. On ne décide pas d'un projet qui va produire de l'énergie renouvelable pendant plus de 100 ans en regardant les prix du marché.»