Le prix de l'once d'or, qui frôle actuellement le niveau historique de 1500$ US, devrait dépasser «d'ici à la fin de l'année» les 1600$ US, a estimé mercredi dans son rapport annuel le cabinet d'études GFMS, confirmant une précédente prévision.

«Il y a un arrière-plan économique favorable aux métaux précieux: on s'attend à ce que l'inflation poursuive sa hausse (...) et la crise persistante des dettes publiques en Europe mine la confiance du marché dans les obligations souveraines», a observé Philip Klapwijk, président de ce cabinet londonien.

L'or, actif refuge grâce à sa valeur intrinsèque qui n'est adossée à aucun émetteur, est habituellement considéré comme un bon rempart contre l'instabilité des marchés et l'envolée des prix des matières premières.

Mais surtout, «tous les pays développés vont maintenir des politiques monétaires accommodantes, et même s'ils relèvent les taux d'intérêt, comme c'est le cas pour l'Union européenne, cela restera un processus lent et progressif», a souligné M. Klapwijk, s'exprimant lors d'une conférence à Londres.

Ainsi, les taux extrêmement bas de la Réserve fédérale américaine (Fed) pèsent sur le billet vert, et cette dépréciation favorise les achats d'or libellés en$ US.

En revanche, un resserrement monétaire en Chine et en Inde, deux très gros marchés, «ne sera pas suffisant pour affecter sérieusement leur croissance» et obérer leur consommation d'or, a précisé le président de GFMS.

Sur l'ensemble de 2011, GFMS, spécialiste des métaux précieux et dont les prévisions font autorité sur le marché, mise sur un prix moyen de 1455$ US l'once, estimant que les prix devraient évoluer dans une fourchette comprise entre 1319 et 1620$ US.

«À court terme, il est possible que les prix se replient et retombent sous les 1400$ US au cours des trois prochains mois, mais à ce niveau-là, il y aura des achats à bon compte (de la part des investisseurs)» qui feront remonter les cours, a estimé Philip Klapwijk.

«En valeur réelle, les prix d'aujourd'hui sont encore très en dessous de leur pic historique: l'or était monté jusqu'à 850$ US l'once en 1980, ce qui correspond à 2248$ US de 2010...», a-t-il rappelé.

Le prix de l'or a atteint lundi 1478,18$ US l'once, un niveau sans précédent.

La hausse des cours du métal jaune, qui ont grimpé de 29% en 2010, a été principalement alimentée par l'engouement des investisseurs spéculatifs, notamment via ETF - des instruments boursiers adossés à des stocks d'or -, mais aussi les achats de lingots, qui ont bondi de 66% à 880 tonnes.

Dans le même temps, les banques centrales sont redevenues en 2010 des acheteurs nets d'or à l'échelle mondiale, les achats institutionnels dépassant les cessions pour la première fois depuis 1988.

Enfin, la demande physique - par opposition à celle des fonds spéculatifs - reste un soutien important pour le métal jaune, même si la progression de la consommation d'or pour la joaillerie en 2010 (+11,2% à 2017 tonnes) a été essentiellement tirée un bond de 150 tonnes de la consommation indienne (soit les trois quarts de la hausse enregistrée dans le monde).

«Il y a, notamment sur les marchés chinois et indien, une acceptation grandissante par les consommateurs de prix de l'or élevés, cela contribuera à porter la demande de bijoux en 2011», a conclu M. Klapwijk.

De son côté, l'offre mondiale d'or n'a progressé que de 0,4% (à 4334 tonnes) en 2010, en dépit d'un accroissement de près de 4% de la production minière au niveau historique de 2689 tonnes. L'offre mondiale devrait cependant s'accroître de 6% cette année, selon GFMS.