Forte de ses quelque 15 millions d'onces d'or, plus importantes réserves aurifères du Canada, Detour Gold (T.DGC) envisage la possibilité de produire pas moins de 800 000 onces d'or par année dans sa mine ontarienne en cours de construction.

Pour l'instant, le plan est de produire à un rythme annuel 649 000 onces d'or, pour une durée de vie de 21 ans. Mais Detour a déjà lancé les études pour augmenter la capacité de production à 800 000 onces, contre 630 000 onces pour le projet Canadian Malartic d'Osisko.

Pas question pour Detour Gold d'emprunter ou d'émettre de nouvelles actions pour bonifier le plan de production, affirme toutefois Gérald Panneton, président et chef de la direction de Detour, de passage à Montréal. «On veut être prêts quand on voudra faire l'expansion, mais on ne veut pas financer», explique-t-il dans une entrevue à La Presse Affaires.

Detour prend donc l'année 2011 pour faire les études nécessaires puis veut obtenir ses permis pour l'expansion en 2012. Mais ce n'est que lorsque les revenus de production seront suffisants que Detour décidera si elle va de l'avant avec un niveau de production de 800 000 onces. Il faudra que le prix de l'or reste au-dessus de 1000$ d'ici là.

L'entreprise a entamé en novembre dernier la construction de sa mine Detour Lake, au nord-est de l'Ontario, à une dizaine de kilomètres de la frontière québécoise. Près de 20% des travaux sont exécutés. «Nous dépensons 1 million de dollars par jour», note Gérald Panneton, Trifluvien d'origine. Le projet nécessite un investissement initial de 1,2 milliard, et la société a actuellement 1 milliard dans ses coffres

En plus de ses 14,9 millions d'onces de réserves (avec un prix de l'or à 850$US), Detour Gold compte 10 autres millions d'onces en ressources mesurées, indiquées et inférées. Et la société torontoise poursuit son exploration sur sa propriété de 500 kilomètres carrés.

Cible potentielle?

Grâce au potentiel de passer à 800 000 onces par année, Detour Gold devient «une cible évidente» pour les grands joueurs, a noté en février l'analyste Steven Butler, de Canaccord Genuity. Gérald Panneton le sait trop bien, lui qui a passé 12 ans chez Barrick Gold.

«Pour les gros joueurs, la taille de l'opération compte, dit-il. C'est un défi constant pour Barrick de remplacer les onces perdues pour maintenir la production à 8 millions d'onces. C'est évident que les gros vont commencer à s'intéresser à nous.»

Selon l'analyste Steven Butler, Barrick est justement l'un des grands qui pourraient être particulièrement intéressés, étant donné que la mine d'Hemlo approche de la fin de sa vie.

«Detour Gold est dans une position vulnérable», convient Gérald Panneton. Le prix de l'action n'est pas encore au niveau de celui d'une entreprise en production, soutient le président. En même temps, Detour a déjà éliminé une partie des risques techniques et financiers liés au projet.

Le titre de Detour Gold (DGC sur le TSX) se négociait à 31,81$ à la fin de la semaine dernière, pour une capitalisation boursière d'environ 2,7 milliards.

Franco-Nevada détient des royautés de 2% sur le projet de Detour Gold.