Le vent est une ressource renouvelable et il souffle gratuitement, pour tout le monde. C'est la raison pour laquelle l'énergie de source éolienne est aussi séduisante. Pourquoi ne pas en exploiter plus? Même ceux qui ne veulent pas de pales dans leur champ de vision souhaitent qu'on multiplie les éoliennes, à condition de les planter loin des zones habitées.

Ce n'est pas si simple. Les Américains, qui pensaient avoir découvert un eldorado énergétique avec le vent du Midwest, ont déchanté assez rapidement. La raison? La baisse du prix du gaz naturel, encore elle. Le bas prix du gaz naturel dû à l'exploitation des schistes américains ne fait pas mal seulement à Hydro-Québec, il bouleverse tout le monde de l'énergie.

Depuis plusieurs années, c'est le charbon, abondant et peu coûteux, qui était la source d'énergie la plus économique pour produire de l'électricité chez nos voisins. Le gaz naturel était bon deuxième, mais en 2008, quand son prix a atteint un record, le vent l'a remplacé en deuxième position. De nombreux spécialistes ont alors prédit un essor fulgurant de l'industrie éolienne sur le territoire américain. Au centre du pays, là où le vent souffle le plus fort, l'industrie croyait même être rentable sans subvention, et les grands fabricants internationaux de turbines ont massivement convergé vers le Texas, le Colorado et le Dakota.

Aujourd'hui, ils déchantent. Les profits ne sont pas au rendez-vous. Les usines toutes neuves du géant indien Suzlon et de l'espagnol Iberdrola réduisent leur production, et les entreprises changent de cap. Plutôt que de viser les gisements les plus rentables, mais plus éloignés des centres de consommation, elles ciblent maintenant les régions moins bien pourvues en vent, mais dotées de gouvernements prêts à subventionner généreusement la production d'énergie éolienne, comme la Californie et les États du Nord-Est.

Google et Buffet attendent

Des entreprises comme Google et le holding de Warren Buffet, Berkshire Hathaway, qui ont déjà indiqué leur intention d'investir massivement dans la production d'énergie éolienne, ne sont toujours pas passées à l'action, a-t-on appris la semaine dernière à la conférence sur les énergies nouvelles organisée par Bloomberg à New York.

En 2009, 40% de la nouvelle capacité de production d'électricité aux États-Unis était de source éolienne. L'an dernier, cette proportion était tombée à 26%, autant que le charbon, qui a généré 25% de la nouvelle capacité de production en 2010.

Pour produire de l'électricité, le gaz naturel est maintenant la source d'énergie la moins coûteuse. Le charbon suit, devant l'éolien et le solaire, la plus coûteuse de toutes. Selon le ministère américain de l'Énergie, l'électricité de source éolienne restera deux fois plus chère que celle produite à l'aide du gaz naturel au moins jusqu'en 2016, dans les endroits les moins venteux.

Là où le vent est idéal, le coût de la production d'électricité éolienne équivaut à celui du gaz naturel, mais il faut l'acheminer vers les centres de consommation, ce qui est très coûteux.

Au Québec, nombreux sont ceux qui voudraient que les éoliennes soient construites dans le Nord, près des grands barrages d'Hydro-Québec, là où il y a beaucoup de vent et peu de gens pour se plaindre de leur présence. C'est une fausse bonne idée. Comme l'expliquait la semaine dernière le président-directeur général d'Hydro-Québec, les lignes de transport existantes ne suffiraient pas à acheminer l'électricité de source éolienne. Il faudrait en construire d'autres, à un coût énorme pour les consommateurs d'électricité du Québec.

Déjà, Hydro dépense 250 millions par année pour acheter de l'énergie éolienne dont elle n'a pas besoin, étant donné les surplus dont elle dispose. Comme les contrats conclus avec les producteurs d'énergie éolienne sont pour 20 ans, la facture totale à assumer pour les clients d'Hydro est considérable.

Ici comme aux États-Unis, l'énergie éolienne est exploitée parce qu'elle est subventionnée. Cette exploitation coûte cher, même si le carburant qui fait tourner les éoliennes est gratuit.