Quelles énergies l'accident nucléaire au Japon pourrait-il favoriser dans le monde? Probablement les énergies renouvelables, comme le solaire et l'éolien, encore balbutiantes mais recommandées pour la planète, mais aussi des énergies dont le climat raffole moins, comme le gaz.

«Pour le climat, cela ne peut pas être une bonne nouvelle. (...) Ce qu'il faut éviter, c'est qu'un ralentissement du développement du nucléaire se traduise par un retour aux fossiles», prévient Cédric Philibert, spécialiste des énergies renouvelables à l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

L'accident à la centrale japonaise de Fukushima après le séisme et le tsunami de vendredi va vraisemblablement inciter plusieurs pays à réexaminer leur engagement dans le nucléaire, selon les experts.

Or, le nucléaire, qui fournit environ 16% de l'électricité mondiale, est une énergie qui émet très peu de CO2, principal gaz à effet de serre à l'origine du changement climatique.

La France a d'ailleurs récemment réussi à faire inscrire le nucléaire comme «source d'énergie faiblement carbonée» pouvant entrer dans la composition du bouquet énergétique des pays de l'Union européenne, dans le cadre des efforts de lutte contre le réchauffement climatique.

Pour réduire les émissions de CO2, les énergies renouvelables sont donc les plus en mesure de bénéficier d'un recul du nucléaire.

Les événements au Japon pourraient entraîner un investissement accru dans les projets éoliens ou solaires, de l'ordre de «10% par an pendant les deux prochaines années», estime Rupesh Madlani, spécialiste des énergies renouvelables à Barclays Capital, à Londres.

La crise japonaise «renforce la méfiance pas seulement des populations mais aussi des investisseurs, car les centrales détruites, cela a un coût», confirme M. Philibert pour l'AIE.

«S'il y a un coup de frein sur le nucléaire, deux types d'énergie devraient logiquement en bénéficier: les renouvelables et le gaz», ajoute-t-il.

Le gaz, selon cet expert, peut en effet constituer à court terme un atout si il sert à se détourner du charbon, car sa combustion dégage deux fois moins de CO2. Mais, pour rester en conformité avec les scénarios de lutte contre le changement climatique, la consommation de gaz elle-même doit décroître à partir de 2020-2025, rappelle-t-il.

Quant à une disparition complète du nucléaire du bouquet énergétique mondial, les experts n'y croient pas.

«Cela aura des implications sur la construction et peut-être l'implantation de futures centrales. Mais je ne pense pas que cela aura un impact sur le fait qu'il y ait ou non des centrales construites dans le futur», assure Julian Lee, analyste au Center for Global Energy Studies de Londres.

«Je continue de penser que le mix nucléaire/renouvelables est le mix à pousser», explique de son côté l'économiste Jean-Marie Chevalier, professeur à l'université de Paris-Dauphine.

Pour autant, «l'accident japonais montre qu'il faut avoir une politique énergétique très diversifiée» car «aucune source d'énergie n'est parfaite».

A très court terme, la Russie a annoncé lundi qu'elle était prête à fournir le Japon en gaz liquéfié pour permettre à l'archipel nippon de faire face à ses problèmes énergétiques.