Malgré les apparences, l'année 2010 a été plutôt positive au chapitre des fusions et acquisitions des sociétés minières canadiennes. Celles-ci ont été particulièrement actives sur le marché.

> Suivez Hugo Fontaine sur Twitter

La supertransaction de 40 milliards pour la prise de contrôle de PotashCorp par l'anglo-australienne BHP Billiton, annulée par Ottawa, a ravivé les craintes des Canadiens quant à la perte de nos fleurons miniers. Mais l'année 2010 dans son ensemble semble plus rassurante qu'inquiétante à ce chapitre. Les sociétés canadiennes ont acheté beaucoup plus de sociétés étrangères que le contraire.

Publié quelques jours avant le début du congrès de l'Association des prospecteurs et développeurs du Canada (PDAC), un rapport de PricewaterhouseCoopers, sur les transactions minières de 2010, indique que les sociétés canadiennes ont acquis 236 cibles étrangères, pour une valeur de 8 milliards US. En contrepartie, les sociétés étrangères ont mis la main sur 87 entreprises canadiennes, pour une valeur estimée de 5,3 milliards.

Selon PWC, c'est à Goldcorp que revient la palme de la plus importante prise de contrôle étrangère par une canadienne en 2010. Elle a acheté la société australienne Andean Resources, active en Argentine, pour 3,3 milliards US.

À l'opposé, la plus importante prise de contrôle étrangère au pays revient à l'américaine Walter Energy, qui a acheté Western Coal Corporation pour 3,4 milliards US.

Globalement, la troisième transaction minière en importance de l'année impliquait deux canadiennes, alors que Kinross a mis la main sur Redback Mining et ses actifs en Afrique de l'Ouest pour 6,8 milliards US.

La Chine n'a pas le contrôle

Presque absente du marché des fusions et acquisitions il y a cinq ans, la Chine fait de plus en plus de bruit. «On entend souvent que la Chine est en train d'acheter toutes les ressources naturelles», note Nochane Rousseau, associé responsable de l'industrie minière pour le Québec chez PWC. En 2010, les sociétés chinoises ont procédé à 161 acquisitions étrangères, pour une valeur de 12 milliards.

Mais il faut relativiser, soutient M. Rousseau. Les prises de contrôle chinoises ne représentent que 6% de toutes les transactions en 2010. Les acheteurs nord-américains sont encore derrière plus de la moitié des transactions (52%), et les Australiens sont les acquéreurs dans 16% des cas. «L'idée que la Chine est en train de prendre contrôle des ressources minières mondiales via des fusions et acquisitions est non fondée», soutient PWC.

La place de la Chine reste donc limitée. Mais Pékin tentera encore de gagner une place parmi les grands dans les prochaines années. En 2011, le pays devrait poursuivre la consolidation de son industrie intérieure et sa diversification à l'extérieur, estime PWC. «On a beaucoup vu la Chine dans le domaine du fer pour nourrir ses aciéries, note Nochane Rousseau. Mais on pourrait commencer à la voir dans d'autres secteurs comme les fertilisants.»

L'Inde devrait également prendre une plus grande part dans la course aux ressources.

En 2010, les cinq ressources clés (or, charbon, fertilisants, cuivre, fer) ont représenté 88% de la valeur des transactions minières mondiales. Les acheteurs (entreprises ou États) continueront de s'y intéresser en 2011, mais trois secteurs devraient aussi attirer leur attention au cours de l'année qui vient: les projets de terres rares, les projets d'uranium, de même que les projets à nature énergétique comme le gaz de schiste.

Nombre record de transactions

En 2010, il y a eu 2693 transactions dans le secteur minier mondial, selon le décompte de PWC. C'est un nombre record, mais la valeur globale des transactions, à 113 milliards US, reste en deçà des sommets de 2006 et 2007. Avec la transaction avortée concernant PotashCorp, personne n'a conclu de transaction de plus de 10 milliards. La plus importante transaction de l'année est l'acquisition de Lihir Gold par Newcrest Mining, deux aurifères australiennes. La valeur de la transaction est de 8,8 milliards US.

Une autre étude, publiée par Ernst&Young la semaine dernière, contenait des données différentes quant aux transactions transfrontalières canadiennes. Cela s'explique notamment par la méthode utilisée pour identifier le pays d'appartenance des sociétés (siège social versus lieu principal d'activité). PWC se base sur les sièges sociaux pour déterminer le pays d'origine des sociétés.

EN CHIFFRES

236

Acquisitions étrangères par des sociétés minières canadiennes en 2010

8 milliards US

Valeur des acquisitions étrangères par les sociétés minières canadiennes en 2010

87

Acquisitions de sociétés canadiennes par des sociétés minières étrangères en 2010

5,3 milliards US

Valeur des acquisitions de sociétés canadiennes par des sociétés minières étrangères

Source : PricewaterhouseCoopers. La valeur des acquisitions de sociétés canadiennes par des minières étrangères est une estimation de la firme comptable, puisque la valeur de certaines transactions privées n'a pas été dévoilée.