L'once d'or a enregistré mercredi un nouveau record, franchissant pour la première fois la barre des 1440 $ l'once, bénéficiant de son statut de valeur refuge face à l'intensification des tensions géopolitiques dans le monde arabe.

Vers 11h50, l'once d'or est montée jusqu'à 1440,32 $ sur le marché au comptant, un prix sans précédent.

De son côté, le cours de l'argent s'est hissé au même moment jusqu'à 34,98 $s, son plus haut niveau depuis février 1980.

Le métal jaune est poussé à de nouveaux records «par l'aversion (des investisseurs) pour le risque, alors que la Libye semble s'enfoncer vers la guerre civile», soulignait Ian O'Sullivan, expert de la société financière Spread Co.

Les violences s'intensifiaient mercredi en Libye, où le colonel Mouammar Kadhafi a envoyé artillerie lourde et avions de chasse pour contre-attaquer l'insurrection, promettant des milliers de morts en cas d'intervention des Occidentaux dans le pays.

«Les inquiétudes géopolitiques alimentent une fuite vers les actifs jugés sûrs», c'est-à-dire les métaux précieux, confirmait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.

Selon lui, cette tendance «ne devrait probablement pas s'inverser à court terme alors que les acteurs de marché redoutent une contagion des violences à d'autres pays», en particulier dans la péninsule arabique où les tensions restent vives - avec notamment la poursuite des manifestations à Oman.

La dépréciation de la monnaie américaine, face à un euro revigoré, contribuait par ailleurs à rendre plus attractifs les achats d'or, libellés en dollars.

Enfin, le métal jaune, habituellement considéré comme une bonne valeur refuge contre l'inflation, profitait de la montée des inquiétudes inflationnistes, nourries par la récente flambée des prix énergétiques, ajoutait M. O'Sullivan.

Le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke a lui aussi mis en garde mardi contre les effets d'une éventuelle «hausse durable» des prix du pétrole, pointant la probabilité d'une «accélération de l'inflation».

Dans le même temps, «il a estimé que la hausse des cours du pétrole et des autres matières premières n'allait probablement pas entraîner une augmentation permanente de l'inflation. Les taux d'intérêt américains devraient donc rester très bas pendant une période étendue», commentaient cependant les experts de Commerzbank.

Et cette perspective, elle aussi, «devrait apporter un soutien supplémentaire au prix de l'or», soulignaient-ils.