Les bénéfices de Total (TOT) ont dépassé les 10 milliards d'euros (13,4 milliards de dollars CAN) en 2010, un bond de 32% dû au pétrole cher, et la compagnie pétrolière française a annoncé qu'elle allait redoubler d'efforts dans la prospection d'or noir pour pomper plus de barils dans les années à venir.

«On a de bons résultats parce qu'on a bien travaillé. On peut en être fier», s'est félicité le patron de Total, au cours d'une conférence de presse. Christophe de Margerie a estimé qu'il n'avait pas à s'excuser pour ces profits faramineux qui suscitent régulièrement la polémique.

Sur le seul dernier trimestre, le bénéfice net s'élève à 2,56 milliards d'euros, au-dessus des attentes des analystes financiers.

La croissance des bénéfices de Total s'explique essentiellement par le rebond l'an dernier des cours du pétrole brut, eux-mêmes dopés par le regain de croissance économique mondiale.

Le baril de Brent de la mer du Nord s'est échangé à 79,44 dollars en moyenne en 2010, soit 29% de plus qu'en 2009.

La première capitalisation boursière française renoue ainsi avec les années fastes de 2005 à 2008, quand la flambée de l'or noir permettait à Total de réaliser chaque année des profits supérieurs à 10 milliards d'euros.

A 10,28 milliards d'euros très exactement, le bénéfice net 2010 est cependant encore loin du record de 13,9 milliards d'euros enregistré en 2008, un profit inégalé pour une entreprise française.

Il est aussi très inférieur aux 30,46 milliards de dollars (22,3 milliards d'euros) réalisés en 2010 par l'américain ExxonMobil, leader mondial du secteur pétrolier.

Au-delà de la flambée des cours, la «major» française a recueilli les fruits de la progression de sa production de gaz et de pétrole. En 2010, Total a pompé 2,378 millions de barils d'hydrocarbures par jour, un chiffre en hausse de 4,3% en un an.

Fort de cette performance, le groupe va distribuer environ 5 milliards d'euros de dividendes à ses actionnaires au titre de l'année écoulée.

«Cela nous paraît non seulement nécessaire, mais raisonnable pour la pérennité du groupe», a commenté M. de Margerie.

En 2011, Total prévoit que sa production reste stable avant de rebondir l'année suivante. Et pour préparer l'avenir, la compagnie a annoncé «une démarche plus audacieuse» dans la prospection d'or noir «afin de réaliser des découvertes de taille plus importante».

Alors que certains prédisent la fin du pétrole, Total va «prendre non pas des risques inutiles, mais des risques nécessaires pour alimenter les réserves du futur», a expliqué M. de Margerie.

La compagnie française va porter à 2,1 milliards d'euros le budget qu'elle consacre à l'exploration (contre 1,6 milliard en 2006) pour aller notamment forer dans les eaux profondes de l'Angola.

Le patron de Total a justement été interrogé sur ses projets dans les gaz de schiste en France, dont l'exploitation potentielle pourrait faire courir des risques pour l'environnement.

«Il n'y a pas de sujet», a-t-il tranché. «Aujourd'hui, on ne sait pas s'il y a des gaz de schiste en France (...) Les chances ne sont pas aussi grosses que ça qu'il y ait quelque chose», a-t-il expliqué.

«Ce qui m'agace, c'est que les gens parlent soit de sujets qu'ils ne connaissent pas, soit de choses qui n'existent pas», a-t-il regretté.

Dans le secteur du raffinage, particulièrement morose en Europe, M. de Margerie a assuré que Total tiendrait ses engagements de ne pas fermer ni de vendre des raffineries en France d'ici à 2015.

Depuis un an, le groupe a arrêté sa raffinerie de Dunkerque (Nord), fermé une unité de distillation dans sa raffinerie de Normandie et mis en vente celle de Lindsey en Angleterre.