Les cours de l'or et de l'argent ont pâti cette semaine d'un regain de confiance des investisseurs dans la zone euro, tandis que les platinoïdes montaient à de nouveaux sommets dans un marché porté par des inquiétudes sur la production sud-africaine.

Le cours de l'or a évolué cette semaine dans une fourchette étroite d'une trentaine de dollars, progressant légèrement avant d'effacer ses gains jeudi et vendredi, déserté par des opérateurs plus optimistes.

«Même le net affaiblissement de la monnaie américaine (habituellement favorable au métal jaune, libellé en dollars) n'a pas pu soutenir les cours», remarquaient les analystes de Commerzbank.

«Pour certains opérateurs, le pire de la crise des dettes en zone euro est derrière nous», ajoutaient-ils.

Le marché se voyait rasséréné après des émissions obligataires jugées réussies par le Portugal, puis l'Espagne et l'Italie, et des indicateurs encourageants telle une croissance record en Allemagne en décembre.

Traduisant la réaction confiante des investisseurs, SPDR Gold Trust, le plus important fonds d'or coté dans le monde a vu jeudi le niveau de ses participations reculer de près de 5,5 tonnes.

«Le frémissement observé récemment sur l'or semble s'essouffler alors que les craintes sur les dettes souveraines européennes passent au second plan», soulignait Manoj Ladwa, courtier de ETX Capital.

Mais «avec tant d'investisseurs misant très gros sur une hausse des cours, les courtiers ne peuvent que se demander quel sera le prochain prétexte à une nouvelle vague d'achats» d'or, tempérait-il aussitôt.

Dans un rapport publié jeudi, le cabinet spécialisé GFMS estime possible que le niveau sans précédent des 1600 dollars soit atteint fin 2011 ou début 2012.

L'or «sera principalement soutenu par des taux d'intérêts toujours bas», qui entretiennent la liquidité, «le nombre limité d'actifs rémunérateurs (sur les autres marchés), le niveau élevé des dettes publiques en Europe, aux États-Unis et au Japon, mais aussi l'impact de l'assouplissement monétaire américain sur le dollar», a souligné GFMS.

Le 7 décembre, l'once d'or était montée à 1431,25 $, un record historique.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé vendredi à 1367 $ au fixing de l'après-midi, inchangé par rapport au vendredi précédent.

Comme de coutume, le cours de l'argent a épousé celui de l'or, avant d'accéléré ses pertes vendredi pour glisser jusqu'à 28,08 $ l'once, son plus bas niveau depuis le 10 décembre.

«La dynamique de l'offre et de la demande sur le marché de l'argent est la plus faible parmi les métaux précieux et l'intérêt des investisseurs s'émousse», commentait Suki Cooper, analyste de de Barclays Capital.

«À moins d'une sévère correction, il ne faudrait pas compter sur les fondamentaux (du marché) pour soutenir les prix», ajoutait-elle.

Le prix du métal gris a terminé vendredi à 28,27 dollars l'once contre 28,39 dollars une semaine auparavant.

Les métaux platinoïdes ont de leur côté enregistré une franche progression, qui a porté jeudi le platine jusqu'à 1829,50 $, un niveau plus vu depuis juillet 2008, et le palladium jusqu'à 823,95 dollars, son plus haut niveau depuis mars 2001.

C'est la première fois depuis 10 ans que le palladium franchissait la barre des 800 dollars.

Les platinoïdes étaient stimulés par «la spéculation de coupures d'électricité dans les mines d'Afrique du Sud», premier producteur de platine et deuxième de palladium dans le monde, soulignait le cabinet spécialisé Johnson Matthey.

En cause, «d'importantes pluies qui ont affecté la production de charbon sud-africaine», source énergétique majeure du pays, «une situation qui commence à affecter les cours du platine» puis du palladium, ajoutait-il.

Sur le London Platinium and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi à 1811 $ contre 1735 $ le vendredi précédent.

L'once de palladium a fini à 795 $ contre 754 $ une semaine plus tôt.