Le prix du cuivre, un des métaux les plus utilisés dans le monde, a atteint des niveaux records cette semaine. En tenant compte de l'inflation, la tonne de cuivre n'a jamais été aussi chère depuis le début des années 70. L'offre ne peut suivre la croissance de la demande. De la Chine au Québec, en passant par le Chili et Londres, état des lieux d'un marché chaud.

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Chine

La Chine consomme déjà 40% du cuivre sur la planète. Et elle entend dépenser pas moins de 45 milliards US par année jusqu'en 2016 pour développer son réseau électrique, ce qui nécessitera d'énormes quantités de cuivre.

En 2011, la consommation de l'empire du Milieu devrait augmenter de 8%. C'est moins que les 11,5% de 2010, mais significatif dans un contexte où l'International Copper Study Group prévoit un déficit de l'offre d'au moins 400 000 tonnes en 2011.

«Du point de vue de l'offre et la demande, c'est le marché le plus serré dans le secteur des métaux», affirme un gestionnaire américain de fonds de ressources cité par l'agence Reuters.

Chili

La mine chilienne de Collahuasi, troisième en importance au monde, a cessé temporairement ses expéditions après un accident qui a fait trois morts et endommagé ses installations portuaires. À court terme, cela n'a pas d'impact. Mais ce sera très différent si le problème persiste.

À un moment où la demande surpasse déjà l'offre, cela suffit pour inquiéter les investisseurs et pousser les prix à la hausse.

Avec ses 5,3 millions de tonnes par année (10 fois plus que le Canada), le Chili produit le tiers du cuivre de la planète. Aucune nouvelle mine de cuivre ne doit entrer en production sur la planète avant 2012, voire 2013.

Londres

Le London Metal Exchange (LME) a indiqué mardi qu'un courtier détenait entre 80 et 90% des stocks entreposés au LME, d'une valeur de 3 milliards US.

La récente hausse des prix a permis aux courtiers d'acheter en masse des stocks physiques de métaux. Cela est désormais rentable en dépit des coûts d'entreposage et des assurances.

Ce phénomène n'est sans doute pas étranger à l'arrivée des premiers fonds négociés en Bourse basés sur des stocks physiques de cuivre (le London Metal Exchange a lancé le premier le 10 décembre dernier).

Cela contribue à propulser le prix qui a établi une nouvelle marque mardi, à 9392$US la tonne pour le contrat à terme de trois mois. Le prix a reculé à 9350$US hier, ce qui représente tout de même une hausse de presque 27% depuis le début de l'année.

Les observateurs s'entendent pour dire que le prix demeurera élevé en 2011. Valeurs mobilières Desjardins prévoit un prix de 4$US la livre (environ 8800$US la tonne). La Banque Scotia est plus optimiste, estimant que le métal touchera les 5$US et se négociera à une moyenne de 4,50$US (9900$US la tonne) pendant l'année.

Québec

Le Québec a déjà été un acteur important dans le secteur cuprifère, produisant un sommet de 168 000 tonnes de cuivre en 1971. Mais la production est tombée à moins de 30 000 tonnes en 2009. Il n'existe plus de pure mine de cuivre au Québec, mais quelques sociétés en extraient en tant que produit dérivé dans les mines d'or, de zinc ou de nickel.

Selon l'Association de l'exploration minière du Québec, les gisements de cuivre sont plus difficiles à trouver et plus difficiles à financer que des gisements d'or pour les sociétés junior.

Cela n'a pas empêché des entreprises québécoises de dépenser quelque 13 millions en exploration cuprifère en 2009. L'une d'elles est Exploration Azimut, dont les propriétés Rex et Diana (dans l'extrême nord de la province) contiennent un potentiel important en cuivre.

«Depuis deux ans, on mise sur le cuivre parce qu'on pense que les besoins en cuivre sur la planète sont fondamentalement liés à la croissance démographique», explique le président et chef de la direction, Jean-Marc Lulin. «Une maison utilise au minimum 200 kg de cuivre», illustre-t-il.

- Avec le Wall Street Journal et Bloomberg