Même si elle ne peut pas rouler sur les routes du Québec, la petite voiture électrique GEM a quand même réussi à se frayer un petit chemin jusqu'au marché.

Une vingtaine de GEM ont été vendues au Québec depuis deux ans, soit autant que les deux autres véhicules électriques à basse vitesse qui ont reçu l'autorisation du ministère des Transports du Québec de rouler sur routes de la province, la Zenn et la Nemo.

Ça veut dire que ce genre de véhicules répond à un besoin, estime Patrick Fournier, homme d'affaires de Chambly qui est le seul vendeur de la GEM au Québec et dans l'est du Canada.

Ancien concessionnaire Chrysler, Patrick Fournier gagne sa vie avec la vente de remorques et de pneus. Il a voulu vendre la GEM parce qu'il «est tombé en amour avec le produit».

La GEM (pour Global Electric Motorcars) est construite par Chrysler à Fargo, dans le Dakota-du-Nord, depuis 10 ans. Plus de 40 000 exemplaires de ce petit véhicule à basse vitesse roulent aujourd'hui aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

Au Québec, le parc national du Mont-Orford en a acheté, de même que l'Université Concordia, à Montréal. L'Université de Sherbrooke en a commandé pour distribuer le courrier sur son campus principal.

Patrick Fournier a fait des pieds et des mains pour que la GEM puisse faire partie de l'expérience-pilote qui a permis à la Zenn et à la Nemo de rouler sur les chemins publics, sans succès jusqu'à maintenant. «C'est incompréhensible», a-t-il dit au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

C'est aussi l'avis de Pierre Lavallée, directeur général du Centre national du transport avancé, où la GEM a été testée, comme la Zenn et la Nemo. «Ce sont des véhicules tout à fait comparables, avec le même type de motorisation et le même type de batteries», a-t-il précisé.

Au début, le ministère des Transports a invoqué l'absence de contenu québécois pour refuser à la GEM le droit de circuler sur les routes. Cet argument ne tient plus la route, et n'est plus utilisé, maintenant qu'on sait que le contenu québécois de la Zenn était infinitésimal. La Zenn n'est plus construite depuis janvier 2010. Le fabricant Précicad n'a pas obtenu lui non plus le droit de faire rouler son véhicule utilitaire fabriqué et assemblé au Québec sur les voies publiques et de participer au projet-pilote du ministère des Transports.

Cette expérience, annoncée en juin 2008, doit se terminer en 2011. Depuis que Zenn n'existe plus, la camionnette Nemo reste le seul véhicule qui y participe. Ce qui n'a aucun sens, selon Pierre Lavallée. «Si on veut que le projet serve à quelque chose, il faudrait que GEM et Précicad puissent y participer.»

Ceux qui achètent une GEM veulent s'en servir principalement hors route, convient le distributeur Patrick Fournier. «Ce n'est pas encore pour aller à la messe et faire sa petite épicerie.»

Mais l'interdiction de circuler sur la voie publique est un inconvénient majeur, selon lui. «Une ville qui s'en sert pour l'entretien de ses parcs veut pouvoir se déplacer d'un parc à l'autre», illustre-t-il.

Autre exemple, la GEM de l'Université Concordia ne peut pas, en principe, passer du campus au terrain de football, situé de l'autre côté de la rue Sherbrooke.