Le géant canadien des oléoducs Enbridge (T.ENB) peinait mercredi à contenir le déversement de pétrole survenu dans le Midwest américain, qui retient malgré lui l'attention d'une planète qui a pendant des mois suivi de façon soutenue la fuite beaucoup plus importante de BP dans le golfe du Mexique.

Le chef de la direction d'Enbridge, Pat Daniel, a assuré, lors d'une conférence de presse à Battle Creek, que l'entreprise était engagée à faire tout le nécessaire pour nettoyer toutes les zones touchées par la nappe de pétrole.

Le déversement d'Enbridge est certes loin d'atteindre l'importance du désastre de BP dans le golfe du Mexique, où se sont écoulés jusqu'à 697 millions de litres de pétrole à la suite de l'explosion d'une plateforme de forage. Mais depuis cette catastrophe écologique, la sécurité au sein de l'industrie du pétrole et du gaz figure parmi les grandes préoccupations des États-Unis.

Enbridge, dont le siège social se trouve à Calgary, a mobilisé de nombreuses équipes de nettoyage. L'entreprise a indiqué mercredi avoir doublé et porté à 300 le nombre de ses travailleurs déployés à la suite du déversement dans la rivière Kalamazoo, au Michigan, en plus d'avoir établi deux fois plus de barrages dans les cours d'eau des environs pour contenir le brut s'étant écoulé.

Parallèlement, des équipes ont entrepris de déterrer l'oléoduc dans le but de déterminer les causes de la fuite.

«Nous allons de nouveau doubler la main-d'oeuvre d'Enbridge aujourd'hui, et nous avons demandé, et continueront de demander, tous les conseils et l'aide que nous pouvons obtenir, en plus de nous assurer que cette fuite est correctement contenue et nettoyée», a affirmé M. Daniel.

Enbridge a déjà installé près de 4,3 kilomètres de barrages absorbants le long de la rivière Kalamazoo et sur le lac Morrow afin d'éviter que le pétrole ne se répande davantage.

La gouverneure du Michigan, Jennifer Granholm, a estimé que les efforts de l'entreprise pour contenir la fuite étaient «complètement inadéquats».

Elle a fait cette déclaration mercredi lors d'une conférence téléphonique après qu'un responsable de la police de l'État eut survolé les lieux et affirmé que la nappe de pétrole s'était répandue au-delà du lac Morrow, en amont de la rivière Kalamazoo.

Une recherche menée par Polaris Institute, une organisation militante d'Ottawa, a révélé qu'Enbridge était responsable de 610 fuites de pétrole de 1999 à 2008, pour un total de 21 millions de litres déversés durant cette période.

Le déversement a porté ombrage au dévoilement des résultats financiers d'Enbridge au deuxième trimestre et à l'annonce de l'acquisition d'actifs d'une valeur de 682 millions de dollars dans le secteur du traitement du gaz naturel dans le sud des États-Unis.

Enbridge a indiqué avoir enregistré un bénéfice net de 138 millions au cours de la période de trois mois terminée le 30 juin, soit 37 cents par action, en baisse comparativement à celui de 393 millions, ou 1,08$ par action, réalisé lors du trimestre équivalent un an auparavant.

Le bénéfice net ajusté de la société a été de 232 millions au deuxième trimestre, soit 63 cents par action, contre 195 millions, ou 54 cents par action, un an plus tôt. Ce résultat est supérieur à celui de 58 cents par action auquel avaient dit s'attendre en moyenne les analystes approchés par Thomson Reuters.

Le cours des actions d'Enbridge a clôturé mercredi à 50,53$, en baisse de 1,02$, à la Bourse de Toronto.