Il y a quelques jours, un petit appareil turbopropulsé a effectué des vols de démonstration au salon aéronautique de Berlin. Rien de bien passionnant jusqu'ici. Sauf que le Diamond DA42 a utilisé un carburant fait à 100% d'huile d'algues.

«C'est une première mondiale et un jalon important pour la recherche chez EADS, a commenté Jean Botti, chef de la direction technique de la multinationale responsable de l'expérience. Cela ouvre la porte à des vols carboneutres et nous allons poursuivre notre recherche dans ce domaine excitant.»

Le carburant à base d'huile d'algue a permis au Diamond de réduire sa consommation d'un litre et demi par heure comparativement au carburant conventionnel. En outre, le biocarburant utilisé contient huit fois moins d'hydrocarbures que le kérosène dérivé du pétrole.

L'industrie du transport aérien compte de plus en plus sur les biocarburants pour réduire son empreinte environnementale. Le transport aérien est responsable de 2% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2). Ce n'est pas énorme, mais c'est suffisant pour provoquer la réprobation des environnementalistes.

La première génération de biocarburants n'a cependant pas provoqué un grand enthousiasme, notamment en raison des effets pervers de son utilisation. L'éthanol, par exemple, fabriqué à partir de maïs ou de canne à sucre, réduit la superficie des terres disponibles pour la production de nourriture. L'éthanol a également tendance à geler en haute altitude.

L'industrie du transport aérien regarde donc davantage du côté des algues, des plantes, comme la salicorne, des noix de palmiers comme le babassu et des graines de plantes et d'arbustes comme la jatropha et la cameline.

Des transporteurs se sont alliés avec des avionneurs et des motoristes pour expérimenter divers biocarburants. Virgin Atlantic, Boeing et GE Aviation ont fait oeuvre de pionnier en février 2008 en faisant voler un Boeing 747 en utilisant un mélange comprenant 20% de biocarburant à base de noix de coco et de noix de babassu et 80% de carburant conventionnel dans un moteur.

Depuis, d'autres essais ont eu lieu en utilisant des mélanges comprenant jusqu'à 50% de biocarburants à partir d'algues, de jatropha et de cameline.

Les hélicoptères se sont mis de la partie. Hier, de concert avec Boeing, GE Aviation et Honeywell, l'armée de l'air néerlandaise a fait voler un hélicoptère Apache en utilisant 50% de biocarburant composé d'huile de friture et d'huile d'algues dans un de ses moteurs.

EADS, société mère d'Airbus, a fait valoir que la production d'algues n'entrait pas en compétition avec la production de nourriture puisqu'elles pouvaient être cultivées sur des sols très pauvres en utilisant de l'eau non potable ou de l'eau salée.

Toutefois, ce qui reste à développer, ce sont des technologies pour produire ces algues à grande échelle et pour le faire à un coût compétitif. À l'heure actuelle, il est beaucoup plus coûteux de produire de l'huile à partir d'algues que de produire des carburants à partir de pétrole brut.