Un changement de direction aussi rapide que fructueux a permis de lancer la toute jeune minière Nemaska Exploration, de Québec. Alors qu'elle misait d'abord sur le nickel, la société a mis au jour, en quelques mois seulement, un des plus importants dépôts mondiaux de lithium dans le nord de la province.

Nemaska est née en 2008 dans l'espoir de trouver un gisement de nickel exploitable dans le secteur du village cri de Nemaska, à près de 400 kilomètres de route au nord-est de Matagami.

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Mais quand le prix du nickel a chuté, Nemaska et son président, Guy Bourassa, se sont rabattus sur une propriété située tout près sur laquelle on avait déjà détecté la présence de lithium.

Si le nickel n'avait plus la faveur du marché, le lithium devenait tout à coup très attrayant, notamment en raison de la progression des piles au lithium-ion pour les voitures électriques.

En septembre 2009, pour 210 000$ et 2,1 millions d'actions, Nemaska a mis la main sur 16 titres miniers qui forment maintenant la propriété Whabouchi.

C'est le lithium de cette propriété qui a permis à Nemaska d'entrer en Bourse en janvier dernier, note le président du conseil, Michel Baril.

À peine cinq mois plus tard, Nemaska a dévoilé la semaine dernière les résultats de son premier calcul de ressources. Whabouchi compte 9,8 millions de tonnes de ressources mesurées et indiquées à une teneur de 1,63% en lithium. À cela s'ajoutent des ressources inférées de 15,4 millions de tonnes à une teneur de 1,57%.

À titre de comparaison, le projet plus avancé de Canada Lithium Corp., au nord de Val-d'Or, mise sur une teneur de 1,1%.

Mais contrairement à Canada Lithium, Nemaska ne compte pas transformer sur place la ressource en carbonate de lithium, la substance qu'utilisent les fabricants de piles. Nemaska veut plutôt en rester au concentré de spodumène, qu'elle compte vendre à des usines européennes et asiatiques qui se chargeront de la transformation.

«Mieux vaut être allié et fournisseur des grands transformateurs de lithium qu'un minuscule compétiteur», estime Guy Bourassa. La société entend faire transiter son produit par le port de La Baie, au Saguenay.

Deux ans, trente millions

Depuis que Nemaska s'est tournée vers le lithium, l'entreprise progresse à vitesse grand V. Si bien que la première étude technico-économique (scoping study) devrait être publiée dès octobre.

«Le premier qui sera en mesure de produire du lithium au Québec prendra une avance stratégique, et j'ai bien l'intention qu'on gagne la course», affirme Guy Bourassa.

M. Bourassa croit que la potentielle mine à ciel ouvert pourrait entrer en production d'ici deux ans, pour un investissement d'environ trente millions de dollars.

Adam Marchionni, analyste minier chez Valeurs mobilières Industrielle Alliance (VMIA), est allé visiter la propriété Whabouchi avec d'autres analystes la semaine dernière.

VMIA n'a pas encore décidé si elle allait suivre la société, mais M. Marchionni a accepté de partager ses impressions avec La Presse Affaires. «Géologiquement, c'est un projet assez simple, avec une seule zone minéralisée de 1,2 kilomètre. La continuité de la minéralisation est fantastique.»

Mais il faudra être attentif aux tests métallurgiques, note l'analyste, afin de connaître le taux de fer dans le produit final. «C'est ce qui indique la pureté du produit, et avec la pureté va le prix.» Les premiers résultats devraient être connus en juillet.

La propriété de Whabouchi compte aussi des indices intéressants de béryllium, un métal utilisé dans la fabrication d'alliages, mais Nemaska ne considérera que le lithium dans l'étude technico-économique. «Le reste sera du bonus», dit Guy Bourassa.

Le titre de Nemaska Exploration s'échangeait à 0,49$ à la clôture de la Bourse de croissance TSX, vendredi. La capitalisation boursière de l'entreprise est d'environ 21 millions. La nation crie de Nemaska possède 8,2% des actions de la société.