BP s'est effondré mardi à la Bourse de Londres, portant la chute de sa valeur depuis le début de la marée noire à plus d'un tiers, les investisseurs s'alarmant de l'échec de sa dernière tentative pour arrêter la marée noire, qui lui a coûté déjà près d'un milliard de dollars.

L'action du groupe pétrolier a chuté de 13,10% à 430 pence, après avoir perdu jusqu'à 16,9% en fin de matinée, à 411 pence, dans un marché qui a fini en baisse de 0,49%.

Cette nouvelle dégringolade boursière a porté à plus de 37%, à son plus fort, la baisse de la valeur boursière de BP, depuis l'explosion et le naufrage de la plate-forme Deepwater Horizon, que le groupe exploitait dans le Golfe du Mexique, au large de la Louisiane.

Ce sinistre est à l'origine de ce qui s'annonce comme la pire catastrophe écologique de l'histoire des Etats-Unis.

Cette chute a fait fondre de 178 milliards de dollars fin avril à moins de 117 milliards cette séance la valorisation boursière de BP.

Autrement dit, ce sont plus de 60 milliards de dollars de valeur boursière du groupe qui sont partis en fumée, dont près de 20 milliards ce mardi.

Mardi, le président américain Barack Obama a par ailleurs promis que les responsables de la marée noire rendront des comptes. «Si nos lois ont été violées (...), je promets solennellement de faire comparaître les responsables devant la justice, au nom des victimes de cette catastrophe et des habitants de la région» du golfe du Mexique, a-t-il martelé depuis la Maison Blanche.

Depuis que samedi, BP avait annoncé l'échec de sa tentative de cimentation (ou «top kill») du puits de Deepwater Horizon, les investisseurs n'avaient pas été en mesure de réagir avant ce mardi car la Bourse de Londres et Wall Street, étaient fermées lundi en raison de jours fériés.

BP a annoncé ce mardi que le total de ses dépenses liées à la marée noire s'était rapproché encore un peu plus de la barre fatidique du milliard de dollars, qu'il devrait franchir très prochainement.

Le groupe a indiqué que la marée noire lui avait déjà coûté 990 millions de dollars, toutes dépenses confondues (frais de confinement et de nettoyage, tentatives pour mettre fin à la fuite de pétrole, aides aux Etats riverains, dommages déjà remboursés...). Dans sa précédente estimation vendredi, la compagnie avait évalué la facture à 930 millions de dollars.

Certains commentateurs commençent à envisager que BP ne devienne, si la situation se prolongeait, une cible d'OPA toute désignée.

Tony Shepard, de la maison de courtage Charles Stanley, remarquait que «le meilleur espoir d'interrompre la marée noire repose désormais dans le forage de puits de secours, qui a commencé mais qui risque de ne pas être achevé avant août».

«Avec la perspective de plusieurs mois de pollution supplémentaire, BP et l'ensemble du secteur pétrolier vont se retrouver sous une pression grandissante», ajoutait-il, prévenant qu'«un moratoire sur les nouveaux forages et une nouvelle réglementation vont conduire à une hausse des coûts de production».

De plus, «il est difficile de mesurer les dommages sur la réputation de BP, mais le marché nord-américain de l'énergie est important pour toutes les +majors+ du pétrole», a-t-il dit.

Un avis partagé par Joshua Raymond, stratégiste chez City Index, qui prévenait que «beaucoup d'espoir avait été placé dans l'opération de colmatage, et son échec a retiré tout élan au cours de Bourse de BP, dans la mesure où chaque jour qui passe, le puits continue à fuir, et l'hémorragie des coûts se poursuit pour le groupe, sans parler des atteintes en termes de réputation».