Après bien des tergiversations et quelques tentatives malheureuses, le vent omniprésent des Îles-de-la-Madeleine servira enfin à produire de l'électricité et à réduire la dépendance de l'archipel au mazout.

Les quelques éoliennes qui y seront installées ne permettront pas aux Madelinots de se passer complètement de leur centrale thermique, mais, à plus long terme, l'utilisation du mazout tire à sa fin aux Îles. Hydro-Québec envisage en effet de relier les îles au continent par un lien sous-marin.

«L'option du câble sous-marin est une des options à l'étude», confirme le porte-parole d'Hydro-Québec, Louis-Olivier Batty.

Ce lien sous-marin aurait pu relier les Îles-de-la-Madeleine et le Nouveau-Brunswick, si Hydro-Québec avait réussi à acheter NB Énergie. Cette transaction a échoué, mais les discussions en cours entre Hydro-Québec et l'Île-du-Prince-Édouard gardent cette option ouverte.

Si Hydro conclut une entente d'approvisionnement avec l'Île-du-Prince-Édouard, qui est encore plus près des Îles que le Nouveau-Brunswick, le lien sous-marin serait plus court et donc moins coûteux à réaliser.

Ce n'est pas pour demain, prévient toutefois le maire des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau. Hydro-Québec a en effet indiqué qu'il faudrait de huit à dix ans pour déployer, tester et exploiter un câble sous-marin, si cette solution est retenue.

En attendant, les Madelinots ont été consultés et ont majoritairement accepté l'implantation d'un petit parc éolien de 5 mégawatts sur leur territoire.

Hydro-Québec se prépare à lancer un appel de propositions parmi les quelques entreprises qui lui auront démontré leur expertise dans le couplage éolien-diesel. Comme les éoliennes produisent de l'énergie pendant 30 à 40% du temps seulement, il faut pouvoir moduler en conséquence la production de la centrale au mazout, qui reste la principale source d'alimentation des 13 000 résidants.

Un appel de propositions sera lancé dans les prochaines semaines, a fait savoir Hydro-Québec.

La centrale au mazout des Îles-de-la-Madeleine est la plus grosse des centrales de ce type appartenant à Hydro-Québec. Elle avale 38 millions de litres de mazout par année, ce qui est très coûteux et très polluant.

Ça fait des années qu'Hydro songe à d'autres solutions pour alimenter l'archipel en électricité. Un projet lancé par la société d'État au début des années 2000 avait mal tourné, la population ayant refusé net les approches de la société d'État, qui avait dû remballer son projet.

Cette fois, les éoliennes sont bienvenues, selon le maire Arseneau. À condition que le projet se fasse en partenariat avec la population, précise-t-il. La municipalité est prête à prendre une participation de 50% dans ce projet qui coûterait une douzaine de millions de dollars.

Selon le maire Arseneau, les Madelinots sont conscients de l'importance de réduire leur empreinte écologique. Pour y arriver, il faudra éventuellement fermer la centrale thermique. Ça ne se fera pas de gaieté de coeur, selon lui, parce que la centrale donne du travail bien rémunéré à 70 personnes. «Soixante-dix emplois permanents sur une population de 13 000, c'est comme Bombardier à Montréal», illustre-t-il.