La société Canada Lithium Corp. (CLC) veut entrer sur le marché du lithium par la grande porte. Si tout va selon ses plans, son projet Québec Lithium, au nord de Val-d'Or, sera en exploitation à la fin de 2012 et deviendra rapidement la troisième mine de lithium en importance sur la planète.

La société torontoise veut profiter de l'appétit grandissant des constructeurs automobiles pour le lithium, très prisé pour la fabrication des piles rechargeables qui alimenteront les véhicules hybrides et électriques.

 

Le projet de 150 millions va bon train. La semaine dernière, au moment où le PDG Peter Secker était à Montréal pour présenter le projet aux investisseurs, CLC a lancé un nouveau programme de forages pour augmenter encore davantage les ressources de Québec Lithium. Cela mènera la société, vers la fin de 2010, à l'étude de faisabilité qui confirmera la viabilité économique du projet. Les approbations environnementales sont attendues au début de 2011.

En extrayant annuellement 1 million de tonnes de minerai de la mine à ciel ouvert, Canada Lithium compte produire 19 300 tonnes de lithium par année (du carbonate de lithium, précisément). Cela placerait la mine au troisième rang mondial, loin derrière deux grandes mines chiliennes qui devraient produire de 45 000 à 50 000 tonnes en 2015.

Selon CLC, une pile d'une voiture électrique nécessite en moyenne 10 kg de lithium. Le lithium se vend aujourd'hui de 2,70 à 2,80$US la livre, tandis que le coût de production anticipé du projet Québec Lithium est de 1,27$ la livre.

Jusqu'à 50 ans d'exploitation

CLC aura toutefois besoin de financement pour mener son projet à bien. Il lui faudra près de 150 millions pour démarrer la production.

Elle compte aller en chercher 70% sous forme de dette, et 30% sous forme d'actions. La société actuellement cotée au TSX Croissance (CLQ, 61 cents vendredi en fin de séance) soumettra d'ailleurs dans les prochains mois sa candidature pour aller jouer dans la cour des grands, sur l'indice principal TSX.

Peter Secker tente également de convaincre les investisseurs institutionnels québécois de participer au financement sous forme de dette.

Pour les attirer, M. Secker peut mettre de l'avant le fait que la mine emploiera, à son apogée, environ 170 personnes. Et que la durée de vie prévue de la mine est de 30 à 50 ans, rien de moins.

L'Asie sur le radar

Canada Lithium Corp. a acheté la propriété Québec Lithium des mains d'IAMGOLD pour 600 000$ et 1 million d'actions en mai 2008. Le site de 6 km2, à 60 km au nord de Val-d'Or, a déjà hébergé une mine de lithium de 1955 à 1965. La mine a fermé quand les Américains ont cessé d'accumuler du lithium dans leurs réserves de métaux stratégiques.

Aujourd'hui, c'est l'Asie qui est dans la ligne de mire de Canada Lithium. «La Chine et l'Inde prévoient avoir un taux de pénétration automobile aussi important que le Brésil en 2020, alors qu'il est actuellement trois fois plus faible, explique Peter Secker. Cela nécessitera 250 millions de nouveaux véhicules, sans compter les remplacements. Il y a fort à parier qu'un pourcentage significatif de ces voitures seront électriques.»

Canada Lithium Corp. a d'ailleurs conclu une entente de marketing avec la firme de courtage Mitsui, qui tentera de dénicher des clients asiatiques. CLC calcule que si les véhicules électriques accaparent 15% du marché mondial de l'automobile, la demande de lithium doublera sur la planète.