Même si la crise financière est finie et que l'offre de crédit revient à la normale, le gouvernement du Québec offre aux promoteurs de parcs éoliens un coup de main pour les aider à financer leurs projets.

Cette aide de 30 millions de dollars annoncée dans le dernier budget a été bien accueillie par les promoteurs éoliens, mais elle risque de ne pas être nécessaire, parce que les conditions de financement se sont améliorées. «A priori, c'est moins mauvais que l'an dernier», dit Robert Vincent, de 3Ci, qui construit un parc éolien dans la région de Thetford Mines.

«Si la reprise économique se manifeste de façon convaincante», l'aide gouvernementale pourrait ne pas être nécessaire, selon lui.

Deux des promoteurs choisis par Hydro-Québec, Enerfin et Invenergy, travaillent d'ailleurs au financement de leurs projets et ne prévoient aucun problème. «En pleine crise financière, nous avons financé différents projets à coup de 100 millions», assure Frits de Kiewit, directeur d'Invenergy Wind Canada.

Il faut dire que la majorité des promoteurs choisis par Hydro-Québec sont des filiales de grandes entreprises, qui n'ont généralement pas de problème à trouver de bonnes conditions de financement. Surtout avec un contrat d'achat d'électricité garanti pour 20 ans avec la société d'État.

C'est le cas d'Enerfin (Espagne) et d'Invenergy (États-Unis), et aussi de Venterre (TransAlta), des entreprises aux reins solides. Des petits producteurs se sont aussi associés à de grandes entreprises qui peuvent facilement trouver du financement, comme Hydroméga avec Électricité de France ou Innergex avec TransCanada Energy.

La solidité financière était d'ailleurs un critère déterminant dans le choix des soumissionnaires lors des deux appels d'offres éoliens d'Hydro-Québec.

Des problèmes de financement sont quand même apparus, notamment avec les soumissionnaires du premier appel d'offres, précise Jean-François Samray, président de l'Association québécoise des producteurs d'énergie renouvelable.

Le prix moyen payé par Hydro-Québec, à 6,5 cents le kilowattheure, est beaucoup plus bas que le prix moyen du deuxième, à 10,5 cents, a-t-il expliqué. La crise financière, survenue après la signature des contrats, a fait mal, selon lui. C'est la raison pour laquelle des promoteurs ont fait des démarches auprès du gouvernement, qui les a entendus.

Innergex, soumissionnaire qui avait obtenu la part du lion du premier appel d'offres avec son partenaire TransCanada Energy, s'est retrouvé avec des coûts de financement plus élevés que prévu pour les trois projets qui lui restent à construire en Gaspésie. C'est la même chose avec Northland Power, qui peine toujours à trouver le financement nécessaire pour son projet éolien de Mont-Louis, en Gaspésie.

Les écarts de crédit qui s'étaient élargis pendant la crise du crédit tendent à se rétrécir, reconnaît le président d'Innergex, Michel Letellier, mais ils restent encore plus élevés que la moyenne historique. D'où l'utilité du coup de pouce gouvernemental pour aider les promoteurs à réaliser leurs engagements avec Hydro-Québec, selon lui.

Reste à savoir si cette aide répondra aux besoins, souligne Robert Vincent, de 3Ci. Pour y avoir droit, les promoteurs devront fournir des garanties et se plier à certaines règles qui restent à préciser par le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, qui gérera cette enveloppe de 30 millions.

Selon Robert Vincent, 30 millions restent une somme modeste étant donné les milliards investis par le secteur privé dans le développement éolien.