C'était parti pour la gloire. Le prix de l'or avait entrepris une remontée qui ne semblait pas vouloir s'arrêter. En période économique trouble, le métal était promis à un avenir brillant, pour ne pas dire doré.

C'était il y a deux mois à peine. Hier, l'once d'or valait 1075,80$ US, en baisse de 15% par rapport à son sommet du 3 décembre 2009.

Que s'est-il passé depuis? «Les marchés ont été rassurés par l'amélioration du contexte économique aux États-Unis, explique Vincent Delisle, stratège financier chez Scotia Capitaux. Ce n'est pas que ça va bien, mais ça va bien mieux qu'en Europe».

Le dollar américain a profité des malheurs européens pour se refaire une crédibilité auprès des investisseurs, qui ont délaissé l'or et d'autres commodités comme le pétrole, lui aussi en baisse depuis le début de l'année.

«Oro-sceptique»

Le stratège de Scotia Capitaux se décrit lui-même comme un «oro-sceptique». Il ne voit pas de possibilité d'appréciation du métal à court et moyen terme. «On est de retour en phase d'expansion, avance-t-il. Il n'y a aucun signe d'inflation. On vient d'arrêter de s'inquiéter de la déflation et avant que l'inflation devienne problématique il va falloir, entre autres, que le taux de chômage baisse en bas de 10% aux États-Unis».

Selon le stratège, ce n'est jamais les mines et les métaux qui reprennent en premier au début d'une reprise économique. Vincent Delisle mise plus sur les titres industriels, la technologie, les médias et même le pétrole.

L'or? «Sans la collaboration du dollar américain (à la baisse), je ne vois pas de remontée du prix».

En plus d'être considéré comme une protection contre l'inflation, l'or est vu comme une valeur-refuge en période de crise économique. Vincent Delisle n'a jamais compris pourquoi. «L'or se veut une valeur-refuge mais quand le marché baisse, il plonge encore plus», constate-t-il.

Selon lui, on attribue à l'or des vertus qui tiennent plus du mythe que de la réalité.

Depuis trois mois, le marché est en baisse de 2% et les aurifères, de 13%, illustre-t-il. Le secteur aurifère compte pour 10% du TSX. Sans surprise, le stratège opte pour une sous-pondération, à 5%.