Lorsque le plus important prospecteur d'or au monde a lancé une gigantesque émission d'actions pour l'aider à profiter de la montée du prix du métal précieux, c'était clairement un signe que l'industrie minière canadienne avait tourné la page sur une terrible récession.

Dans ce qu'on pourrait qualifier d'exemple d'optimisme le plus éclatant, la société torontoise Barrick Gold Corp. [[|ticker sym='T.ABX'|]] a recueilli près de 4 milliards $US expressément pour éliminer des programmes régulateurs vieux de plusieurs décennies, mis en place pour la protéger de la chute des prix de l'or, simplement parce que le métal ne fera que prendre de la valeur dans un avenir prévisible.

Le président et chef de la direction de Barrick, Aaron Regent, a eu raison jusqu'ici, puisque le cours de l'or a augmenté de façon constante depuis l'été pour atteindre un prix record de plus de 1200 $US l'once, entraînant les nombreuses entreprises minières du Canada dans son sillage.

Le prix de l'action de Barrick est à deux doigts des sommets qu'il avait atteints avant que le marché ne s'effondre, tout comme c'est le cas pour d'autres acteurs majeurs de l'industrie d'exploitation aurifère canadienne tels Goldcorp Inc. [[|ticker sym='T.G'|]], Kinross Gold Corp. [[|ticker sym='T.K'|]] et Agnico-Eagle Mines Ltd. [[|ticker sym='T.AEM'|]].

Par contraste, les actions de plusieurs prospecteurs de métaux de base ne se sont pas rétablies aussi rapidement et ces derniers sont chanceux lorsque leurs actions valent la moitié de ce qu'elles valaient avant, selon Andrew Martyn, président et gestionnaire de portefeuille pour Falcon Asset Management.

Le statut d'investissement sûr de l'or n'a pas suffit à le protéger de la chute mondiale du prix des marchandises qui a accompagné la récession et provoqué une baisse radicale du lingot à 750 $US l'once à la fin de 2008.

Toutefois, à mesure que l'économie reprend du mieux, les investisseurs, craignant que les nombreux programmes de stimulation du gouvernement ne se traduisent éventuellement par une importante inflation, ont été nombreux à se tourner vers l'or. Cela comprend des banques centrales comme celle de l'Inde, qui a acheté 182 tonnes d'or du Fonds monétaire international au début du mois de novembre, augmentant le nombre de lingots en sa possession de plus de la moitié.

«L'or est remonétisé ces jours-ci et se comporte maintenant plus comme une monnaie que comme un métal industriel... et, bien sûr, les banques centrales, après avoir été de petites vendeuses nettes dans la première partie de l'année, sont probablement devenues des acheteuses nettes», indique Patricia Mohr, vice-présidente, Economie, et spécialiste de la bourse de marchandises pour la Banque Scotia\\-.

Mme Mohr s'attend à ce que les prix de l'or augmentent encore pendant au moins six mois à mesure que le dollar américain continue à baisser, ce qui est une bonne nouvelle pour les prospecteurs d'or.

Contrairement à l'or, les métaux de base ne bénéficient pas du statut d'investissement sûr et doivent donc s'en remettre aux hasards du marché pour ce qui est de la demande. Lorsque l'industrie manufacturière s'est mise à ralentir ses activités à la fin de 2008 et au début de 2009, les prix des métaux de base ont rapidement chuté.

Depuis, les plans de relance économique des gouvernements ont permis une augmentation générale de la demande tout comme le réapprovisionnement d'économies importantes comme la Chine. Un dollar américain plus faible a également favorisé la montée des prix de toutes les marchandises. Alors que 2009 est sur le point de se terminer, l'indice des métaux de base de la Bourse de Toronto a augmenté de près de 300 pour cent par rapport aux niveaux très bas qu'il avait atteint au début de mars.

Et parce qu'il est de plus en plus difficile de trouver des mines de qualité dans des régions stables sur le plan politique et que le coût pour mettre sur pied une nouvelle exploitation minière est beaucoup plus élevé qu'il l'était auparavant, M. Martyn prédit que les stocks limités permettront aux prix des métaux de base d'atteindre de nouveaux sommets à long terme.