Gaz Métro a décidé de s'attaquer à un nouveau marché, les poids lourds qui sillonnent les routes du Québec, pour les convaincre de troquer le diesel contre le gaz naturel.

C'est un projet que le distributeur gazier examine depuis un an et qui est prêt à être lancé, a expliqué hier la présidente de Gaz Métro, Sophie Brochu, au cours d'une téléconférence à l'occasion de la publication des résultats de l'exercice 2009.

Ce n'est pas d'hier que des véhicules roulent au gaz naturel, a-t-elle expliqué, mais il s'agit surtout de véhicules privés convertis. Gaz Métro s'intéresse plutôt à l'industrie du camionnage. «C'est un marché intéressant à développer pour nous, qui ne nécessite pas d'investissement important», a-t-elle précisé.

Gaz Métro estime avoir deux arguments de poids pour convaincre les propriétaires de parc de camions de changer de carburant. Le prix du gaz naturel est concurrentiel par rapport au diesel, et les préoccupations environnementales, a dit la présidente.

«Au Québec, le secteur du transport compte pour 40% des émissions de gaz à effet de serre et une grande part de ça vient des camions», a-t-elle expliqué.

Résultats

La récession n'a pas fait trop mal à Gaz Métro, qui a distribué moins de gaz naturel, mais qui a fait plus de profits au cours de son dernier exercice.

Les autres activités de l'entreprise, en dehors de la distribution de gaz naturel au Québec, expliquent cette amélioration de la rentabilité, a précisé le vice-président aux finances, Pierre Despars.

Le bénéfice net a augmenté de 6,3 millions de dollars, ou 4% en 2009, pour atteindre 159,6 millions. Les revenus ont été de 2,2 milliards, en hausse de 3,6% comparativement à l'exercice précédent. La part de la société en commandite valait 16,43$ hier à la fermeture des marchés, en hausse de 7 cents par rapport à la veille.

Au Québec, en dépit d'une augmentation de 6196 clients pendant l'année, le volume de gaz distribué par Gaz Métro a baissé de 12%. Toutes les catégories de clients ont réduit leur consommation de gaz, mais la baisse est plus marquée chez les clients industriels, qui ont souffert du ralentissement économique. Le volume a chuté de 20% dans cette catégorie.

Les activités de distribution de gaz naturel au Québec ont donc été moins rentables en 2009. Par contre, Gaz Métro a fait plus d'argent sa filiale au Vermont, Green Power Mountain, et avec sa participation de 50% dans le gazoduc Trans-Québec et Maritimes, qui a obtenu de l'Office national de l'énergie une augmentation importante de son taux de rendement autorisé.

Gaz Métro a demandé à la Régie de l'énergie de calculer son taux de rendement selon cette formule utilisée par l'Office national de l'énergie. Si elle obtient gain de cause, l'entreprise verra sa rentabilité augmenter de façon importante, a fait savoir son vice-président aux finances. Selon Pierre Despars, ça pourrait se traduire par une augmentation de 40 millions de ses bénéfices annuels. La décision de la Régie est attendue dans les prochaines semaines.

Par ailleurs, Gaz Metro n'a pas complètement mis de côté son projet de terminal méthanier de Lévis, malgré les prix très bas du gaz sur le marché et le désintérêt de son fournisseur russe, Gazprom.

En 2008, Gaz Métro a encore dépensé 1,8 million pour Rabaska, et les dépenses de 2009 devraient être égales ou inférieures à cette somme, a-ton appris hier. «C'est un projet à long terme, qui renaîtra quand le cycle redeviendra favorable», a expliqué Sophie Brochu.