La décision du Fonds monétaire international de vendre plus de 400 tonnes d'or pourrait temporairement perturber un marché proche de ses plus hauts niveaux historiques, mais les précautions prises font espérer que les turbulences soient minimes, selon les analystes.

Cette décision, annoncée vendredi soir, a été accueillie par une petite baisse des cours car le marché «attendait la confirmation depuis que la vente avait été proposée pour la première fois en janvier 2007», note Suki Cooper, de Barclays Capital.

«C'est négatif à court terme», confirme Jason Roose, de US Commodities.  Outre le fait que 403,3 tonnes d'or vont affluer sur le marché, «au moment où le marché vient de connaître une belle hausse à des niveaux historiques, cette annonce pourrait le voir revenir sur ses pas», observe l'analyste.

«Depuis deux mois, l'or est passé de 900 dollars à 1010 dollars. Il pourrait concéder 5 à 10% à court terme», précise-t-il.

Jeudi, l'or avait clôturé à New York à plus de 1023 dollars, non loin de son record historique de mars 2008 (1033,90 dollars), avant de se replier jusqu'à 1010,30 vendredi à la clôture.

Or aussitôt après la fermeture du marché, le FMI a annoncé avoir obtenu le feu vert définitif de ses Etats membres à la vente de plus de 400 tonnes d'or, dont les bénéfices doivent être affectés prioritairement à des prêts à conditions avantageuses aux pays pauvres.

Lundi matin aux États-Unis le contrat pour décembre reculait, aux alentours des 1.005 dollars.

Selon les analystes de Morgan Stanley, un vent contraire devrait souffler sur les cours jusqu'à ce qu'un nombre suffisant de ventes aient eu lieu, même si les investisseurs avaient déjà commencé à prendre cette éventualité en compte depuis avril 2008, date où la décision de vendre avait été prise.

Mais cette décision a été accompagnée de nombreuses précautions qui devraient limiter l'impact de l'arrivée sur le marché d'un huitième de l'or du FMI, un des plus gros détenteurs de métal jaune au monde.

Le Fonds a affirmé son intention de procéder à sa vente d'or d'une manière responsable et transparente «qui évitera toute perturbation sur le marché de l'or». Il a précisé qu'il s'adresserait d'abord uniquement aux détenteurs officiels, les banques centrales et autres organismes étatiques, ne se tournant vers le marché que si cela ne suffisait pas.

«Cette annonce maintient l'espoir que l'or du FMI soit vendu directement à d'autres banques centrales ou autres organismes souverains», ce qui n'aurait pas d'impact sur les cours, souligne John Reade, analyste pour UBS à Londres.

La vente de cet or va par ailleurs s'inscrire dans l'accord collectif existant entre les banques centrales, qui prévoit un plafond de 400 tonnes par an pour les ventes sur le marché sur les cinq prochaines années.

Grâce à ces «garanties», les analystes de Morgan Stanley ne voient pas de «menace concrète pour les prix actuels ni pour (leurs) prévisions d'une once d'or à 1000 dollars en 2010».

«Le risque inhérent pour les prix devrait être contenu par la limite annuelle imposée aux ventes des banques centrales», tempèrent-ils immédiatement.

Pour Jason Roose, de toute façon, ce genre d'annonce n'a généralement pas un grand impact sur les prix. «Les investisseurs ont tendance à se cramponner à l'or à long terme», explique-t-il.