Le temps où ça coûtait moins cher de faire le plein à Montréal qu'ailleurs au Québec est révolu. Depuis le début de l'année, les automobilistes montréalais paient même un peu plus que ceux de Québec, où l'essence se vendait généralement plus cher.

De janvier à août, faire le plein à Montréal a coûté en moyenne 96,1 cents le litre, selon les données de la firme spécialisée MJ Ervin, de Calgary. C'est plus cher qu'à Québec (95,1 cents), qu'à Sherbrooke (93,6 cents) et qu'à Trois-Rivières (93,2 cents).

Même à Chicoutimi, le plein coûtait moins cher (92,4 cents) qu'à Montréal (96,1 cents).

D'autres chiffres, provenant de la Régie de l'énergie, indiquent aussi que le prix de l'essence à Montréal a augmenté. En 2008, le prix moyen de l'essence à Montréal a été plus bas qu'à Québec pendant huit mois sur 12. Cette année, depuis janvier, le prix a été plus élevé à Montréal tous les mois.

En principe, il est normal que l'essence coûte plus cher à Montréal que dans les autres principales villes du Québec. Les automobilistes montréalais doivent en effet assumer une taxe de 1,5 cent qui sert au financement de l'Agence de transport métropolitain (AMT). Cette taxe est... taxable, puisque la TPS et la TVQ s'ajoutent à un total qui inclut déjà la contribution à l'AMT, ce qui l'augmente à 1,7 cent le litre.

À elle seule donc, la contribution à l'AMT justifierait des prix plus élevés à Montréal qu'ailleurs. Dans les faits toutefois, ce n'est pas ce qui se passait. Des miniguerres de prix fréquentes, le nombre élevé de stations-services et un volume de ventes supérieur faisaient en sorte de maintenir les prix plus bas à Montréal.

Parce que leur volume de ventes était supérieur, les détaillants se contentaient de marges inférieures à celles des détaillants de Québec. C'est toujours le cas, mais l'écart tend à se rétrécir.

À Montréal, la part du prix à la pompe qui va directement dans les poches des détaillants est passée de 4,1 cents en 2007 à 4,5 cents en 2008 et à 5,9 cents depuis le début de 2009, toujours selon les données de MJ Ervin.

La Régie de l'énergie a aussi constaté que la marge des détaillants fluctue beaucoup à Montréal et qu'elle avait même commencé l'année en lion, 9,3 cents pour janvier.

C'est normal que la marge augmente parce que les coûts des détaillants augmentent, explique Sonia Marcotte, porte-parole de l'Association québécoise des détaillants indépendants. Les frais liés aux cartes de crédit, qui sont de plus en plus utilisées pour les achats d'essence, peuvent représenter jusqu'à 2 cents le litre, illustre-t-elle.

Mais à 5,9 cents le litre, la marge de détail depuis le début de l'année est supérieure à celle que l'AQUIP estime « normale », soit 4,9 cents.

Le CAA-Québec, qui suit de près l'évolution du prix de l'essence partout au Québec, constate qu'actuellement du moins, le marché montréalais est retourné à la normale. Le prix est plus élevé, à cause de la taxe de l'AMT, dit le porte-parole, Philippe Pelletier.

Cet été, le CAA-Québec a observé que les détaillants montréalais avaient augmenté leurs prix sept fois sur 11 le vendredi, pour profiter de la manne du week-end. Cinq de ses sept augmentations ne pouvaient s'expliquer par un changement des prix de gros.

 

PRIX MOYEN DE L'ESSENCE DEPUIS LE DÉBUT DE L'ANNÉE*

janvier à août

MONTRÉAL

96,1 cents

QUÉBEC

95,1 cents

TROIS-RIVIÈRES

93,2 cents

SHERBROOKE

93,6 cents

*Prix d'un litre d'essence ordinaire Source MJ Ervin