La récession qui frappe fort aux États-Unis a eu pour effet de réduire la consommation d'électricité et d'en faire chuter le prix, ce qui tombe mal pour Hydro-Québec qui a actuellement des montagnes de surplus à écouler.

La société d'État, qui publie aujourd'hui ses résultats du deuxième trimestre, verra fondre les profits qu'elle tire de ses exportations en 2009. L'an dernier, chaque kilowattheure exporté a rapporté 8,9 cents.

 

Depuis le début de l'année, les prix de gros ont dégringolé de 40% sur le marché PJM, qui sert de référence dans le nord-est des États-Unis. Sur le marché de New York, les prix de gros sont en baisse de 71% depuis un an, selon un relevé effectué par Bloomberg. Résultat, le kilowattheure se vend actuellement autour de 4 cents et parfois moins, selon les heures de la journée.

La chute est due principalement à la récession, qui a réduit la demande d'électricité.

Les prix de l'électricité ont aussi diminué en raison de la baisse du prix du gaz naturel, qui sert à produire de l'électricité dans le nord-est américain. Le prix du gaz est en forte baisse, parce que l'offre surpasse largement la demande alors que l'économie tourne au ralenti. Il se vend actuellement autour de 4$US par million de BTU, soit trois fois moins cher que l'an dernier à pareille date.

La baisse des prix de l'électricité aux États-Unis risque de réduire les profits d'Hydro et le dividende qu'elle verse chaque année au gouvernement.

Hydro-Québec publie aujourd'hui ses résultats pour les mois d'avril, mai et juin. La faiblesse des prix a sûrement diminué la rentabilité des exportations pendant cette période. «Vous en saurez plus demain (aujourd'hui) lors de la publication de nos résultats du deuxième trimestre», a indiqué une porte-parole de la société d'État.

C'est toutefois pour le trimestre en cours que l'impact se fera davantage sentir. C'est pendant l'été que la consommation d'électricité atteint un sommet dans les marchés d'exportation d'Hydro.

Cette année, comble de malchance, la chaleur n'est pas au rendez-vous ni en Ontario, ni dans le nord-est des États-Unis. Le temps relativement frais pour la saison empêche les climatiseurs de tourner à plein régime comme c'est le cas généralement en cette saison.

La société d'État exploite de plus en plus le filon des exportations pour augmenter sa rentabilité. La quantité d'électricité exportée est passée de 14,4 milliards de kilowattheures à 21,3 milliards de kilowattheures en cinq ans, soit une augmentation de près de 50%. Le prix moyen obtenu a varié entre 7,5 cents le kilowattheure et 8,9 cents le kilowattheure.

Cette année, Hydro a encore plus d'électricité à vendre. En plus de la division Production, qui est très active sur les marchés d'exportation, la division Distribution doit revendre une partie de l'électricité achetée par appel d'offres pour satisfaire les besoins du Québec et qui ne trouve pas preneur.

Le ralentissement économique a fait également chuter la consommation d'électricité au Québec et la division Distribution estime qu'elle aura des surplus sur les bras jusqu'en 2020.

À plus long terme, Hydro prévoit conclure des ventes fermes avec l'Ontario et la Nouvelle-Angleterre.

Des négociations sont en cours avec ces acheteurs éventuels mais le bas prix actuel du gaz naturel n'avantage pas la société d'État.

Le prix du gaz a toutes les chances de rester bas longtemps, estime Jean-Thomas Bernard, spécialiste en énergie et professeur à l'Université Laval. De nouveaux gisements aux États-Unis et la faiblesse de la demande sont des facteurs qui contribueront à garder le prix du gaz, et par conséquent celui de l'électricité, à des niveaux relativement bas, selon lui.