Au lendemain de l'annonce de l'intention de la Réserve fédérale américaine (Fed) d'imprimer de l'argent pour relancer le marché du crédit, les prix des ressources naturelles ont effectué un bond généralisé hier, pendant que le dollar américain perdait du terrain.

L'or, le pétrole, le cuivre et l'aluminium ont tous enregistré des augmentations de prix significatives. L'indice CRB Reuters/Jefferies, qui comprend les prix de 19 ressources de base, a pris 5,3%, et chacune de ses composantes a gagné du terrain.

 

La Fed a indiqué mercredi qu'elle achètera jusqu'à plus de 1000 milliards US d'obligations à long terme du Trésor et de titres de dettes adossés à des hypothèques. Cette intervention de la Fed a plusieurs effets: elle vise à stimuler l'économie en dégelant le marché du crédit, mais elle pousse le dollar américain à la baisse et pourrait provoquer, à terme, une forte inflation.

«Il y a un signal très clair qu'on veut sauver le système, ce qui veut dire que les secteurs cycliques vont reprendre un jour ou l'autre, explique Luc Girard, directeur du groupe-conseil en portefeuilles chez Valeurs mobilières Desjardins. C'est en anticipation de tout ça que les ressources explosent.»

En même temps, les investisseurs se dirigent vers les ressources naturelles pour se protéger contre l'inflation.

«Il y a une augmentation massive du bilan de la Fed, ce que les marchés considèrent comme étant à la fois inflationniste et susceptible de dévaluer le dollar américain, a expliqué le négociant Frank McGhee, cité par l'agence Bloomberg. Cela renforce le potentiel d'hyperinflation, un scénario qui pousserait les prix des ressources encore plus haut.»

Bond de géant pour l'or

Le baril de pétrole a terminé sa journée à 51,61 $ US hier à New York, en hausse de 3,47 $ US.

Le prix du cuivre, indicateur des marchés des métaux et de l'économie en général, a grimpé de plus de 5%. Il s'échangeait à 1,81 $ US la livre à la clôture. Il a même atteint près de 1,83 $ US la livre (l'équivalent de 4000 $ US la tonne) en cours de séance, un sommet depuis le 11 novembre dernier.

L'aluminium, pour sa part, a grimpé de 6% sur le London Metal Exchange pour clôturer à 1463 $ US.

«Le pétrole, le cuivre, et la plupart des métaux industriels vont déjà bien depuis un bon mois, observe Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux. Là où on a vu un renversement très brusque, pour ne pas dire surprenant, c'est dans le prix de l'or.»

Le précieux métal a enregistré sa meilleure performance des six derniers mois. Le prix pour livraison en avril a été catapulté bien au-delà des 900 $ US pour clôturer à 958,80 $ US l'once, une hausse de près de 7,8%.

L'once d'argent pour livraison en mai a fait un bond de 13%, le plus grand depuis décembre 1979, pour clôturer à 13,52 $ US.

Poussé par cette petite euphorie autour des ressources, le sous-indice des matériaux au S&P/TSX a gagné 4,49%, à 2403,08 points.

Face à un panier de six devises (US Dollar Index), le dollar américain a perdu 2,3%, après avoir reculé de 2,7% la veille.