À en croire une étude de l'Institut Fraser, les perspectives sont plutôt sombres pour l'industrie de l'exploration minière. Les dirigeants de sociétés minières du monde s'attendent à des fermetures et à une forte réduction des activités.

Il y a cependant un peu de lumière au fonds du puits: parmi 71 États, provinces et pays du monde, c'est au Québec qu'on trouve le meilleur climat pour l'exploration minière.

 

«Le climat général est un facteur extrêmement important pour les décisions des compagnies d'exploration, déclare Jean-François Minardi, analyste principal des politiques publiques à l'Institut Fraser. Les États, les provinces et les pays sont en concurrence les uns avec les autres. Il est important d'avoir un climat d'investissement favorable, ce qui permet d'attirer des investissements.»

Le directeur général de l'Association de l'exploration minière du Québec, Jean-Pierre Thomassin, qui s'apprête à participer à l'important congrès annuel de la Prospectors and Developers Association of Canada à Toronto, est particulièrement satisfait de la position du Québec dans ce palmarès.

«Ça va me permettre de rencontrer des entreprises et de faire valoir que, même si les conditions d'exploration sont difficiles au plan du financement, le Québec est encore le meilleur endroit», dit-il.

Depuis 1997, l'Institut Fraser réalise chaque année un sondage auprès des dirigeants de sociétés minières afin d'évaluer le climat d'affaires des provinces canadiennes, des provinces australiennes, de certains États américains et de 35 pays de presque tous les continents.

Cette année, 658 dirigeants ont répondu au sondage. Les entreprises qu'ils dirigent ont investi 3,4 milliards de dollars américains dans l'exploration en 2008, ce qui représente environ 24% des investissements totaux en exploration non ferreuse.

Cette fois, l'institut a ajouté quelques questions à son questionnaire pour mesurer les effets du ralentissement économique sur l'industrie minière.

«Ce qui m'a surpris, c'est la morosité des exploitants», lance M. Minardi.

Plus de quatre dirigeants interrogés sur cinq s'attendent à ce que 30% des sociétés d'exploration ferment leurs portes en raison de la crise. Plus de 90% des répondants prévoient un déclin des activités d'exploration et d'exploitation des sociétés minières.

L'Institut Fraser s'inquiète. Cette diminution des activités risque d'entraîner une pénurie de matières premières lorsqu'il y aura reprise. Cette pénurie pourrait entraîner à son tour une hausse importante des prix, ce qui fragiliserait la reprise et augmenterait les risques d'inflation.

M. Thomassin se montre un peu plus optimiste. «L'étude a été réalisée en pleine crise financière, note-t-il. Il y a eu une amélioration du financement au début de 2009. Je ne pense pas que nous allons perdre 30% des entreprises. Je limiterais cela à 15%.»

Pour évaluer le climat d'affaires dans les différents endroits du monde, l'Institut Fraser a interrogé les cadres des sociétés minières sur divers aspects qui peuvent avoir un impact sur l'exploration minière.

M. Thomassin souligne que le Québec a conservé les mêmes forces que dans les études précédentes, comme une fiscalité favorable, un potentiel minéral qui serait un des plus élevés au monde et des règles stables.

«Les gens qui font de l'exploration au Québec aiment bien que les lois ne changent pas chaque mois», déclare-t-il.

La province a en revanche conservé ses faiblesses, comme les coûts élevés liés à la rareté des infrastructures dans le Nord et l'incertitude entourant les aires protégées.

«Le gouvernement n'a pas fini de désigner les aires protégées, explique M. Thomassin. Souvent, les compagnies ont de mauvaises surprises: ils font de l'exploration, et pouf! Une aire protégée apparaît juste à côté. Ça déprécie de beaucoup la qualité de la propriété.»

Le Québec se situe parmi les 10 endroits les plus favorables à l'exploration pétrolière depuis 2001. Il a pris la première position l'année dernière, position qu'il a conservée cette année. La province est suivie du Wyoming, du Nevada, de l'Alberta et de Terre-Neuve.