Dès les premiers beaux jours de printemps, on range les costumes de tweed, les pulls et les bottes de cuir pour faire place à des tenues plus estivales. Mais au fait, qu'est-ce qu'une tenue professionnelle d'été? Plusieurs employeurs remarquent que c'est la période de l'année où le style vestimentaire de leurs employés leur donne le plus de fil à retordre. Voici quelques éléments-clés pour gérer cette question avec doigté.

Prête pour sa sortie du soir, une employée arrive le vendredi matin au bureau avec sa robe transparente à bretelles spaghettis et un lourd maquillage. L'employeur peut être mal à l'aise parce que ses employés sont l'image de l'entreprise.

«Nous vendons des services professionnels, donc nous voulons que nos employés aient une image de conseiller d'affaires averti et chevronné», affirme Anick Desautels, codirectrice du groupe des ressources humaines chez EY.

Les droits de l'employé

L'employeur ne peut tout de même pas prendre le contrôle de la garde-robe de ses employés.

Éric L'Italien, avocat spécialisé en droit de l'emploi et du travail chez Norton Rose Fulbright, explique dans la publication Tenue vestimentaire au travail et droits fondamentaux qu'un salarié ne renonce pas au droit à son image et à son apparence personnelle.

«Bénéficiant a priori de la protection du droit à la vie privée ainsi que dans certains cas du droit à la liberté d'expression, les éléments relevant de l'apparence physique ne peuvent être limités par l'employeur que pour des considérations importantes et légitimes, et seulement si les moyens utilisés pour y parvenir sont proportionnels à l'atteinte de cet objectif», peut-on y lire.

Ainsi, chez EY, le code vestimentaire fait appel au bon jugement des employés.

«Nous leur demandons d'utiliser leur bon sens, leur leadership et d'avoir toujours en tête ce qui se passe chez le client», explique Anick Desautels.

Inspirer

Marie-Claude Pelletier, présidente de l'agence de style et d'image Les Effrontés, remarque que souvent, lorsqu'une politique vestimentaire est très restrictive, les employés n'ont pas envie de la consulter.

«Ce qui fonctionne le mieux est de formuler une politique vestimentaire avec un discours plus inspirant», remarque-t-elle.

Ainsi, plutôt que de dire «ne portez pas ceci», pourquoi ne pas dire «si vous portiez cela»?

«C'est important de donner des exemples de tenues convenables, croit Mme Pelletier. Il faut expliquer aussi les messages que lancent les vêtements. Il y a une catégorie de tenues pour sortir le vendredi soir et une autre pour jouer au parc avec les enfants. Ces vêtements ne conviennent pas à un cadre de travail plus formel. Les employés doivent en être conscients.»

L'employeur a aussi avantage à donner quelques trucs à ses employés.

«L'été, nous permettons par exemple les sandales, mais nous suggérons aux employés d'avoir toujours à portée de main une tenue de ville au cas où une rencontre avec un client s'organiserait à la dernière minute», indique Anick Desautels.

«C'est intéressant aussi d'expliquer aux employés les essentiels d'une garde-robe et des stratégies efficaces pour arriver à s'en bâtir une sans dépenser une fortune, affirme Marie-Claude Pelletier. Il y a moyen d'ajouter des pièces de saison en saison à partir de ce qu'on a déjà.»

En discuter

Les vêtements ont un côté très personnel et plusieurs employeurs hésitent à aborder ce sujet avec leurs employés.

«Or, lorsqu'une entreprise éprouve un problème de tenue vestimentaire, c'est souvent parce qu'il n'y a pas de politique, qu'elle est très peu définie ou pas du tout discutée avec les employés», remarque Mme Pelletier.

Chez EY, chaque cohorte de jeunes fraîchement embauchée assiste à une séance d'orientation où on présente la politique vestimentaire.

«Ensuite, on se sert de cette politique comme outil de discussion en cas de problème, explique Anick Desautels. C'est important d'intervenir de façon constructive s'il y a des écarts pour le bien professionnel de la personne.»

«À compétences égales, une personne avec une image soignée aura toujours une longueur d'avance sur les autres, ajoute Mme Pelletier. Et surtout, il faut comprendre qu'on ne parle pas ici de beauté, de taille, d'âge ou de prix payé pour ses vêtements: on parle d'image soignée.»