Pour améliorer leur productivité et rester concurrentiels, les employeurs doivent former leur main-d'oeuvre. La Presse propose une série d'articles sur des entreprises qui ont investi dans la formation. Cette semaine, le Conseil régional de la culture (CRC) du Saguenay-Lac-Saint-Jean propose de la formation continue aux travailleurs du milieu culturel de sa région.

Ils travaillent dans de petits organismes culturels dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, ou sont travailleurs autonomes dans un domaine créatif ou technique en lien avec la culture. Plusieurs ont des moyens limités, mais ils doivent développer leurs compétences autant que les employés des grandes entreprises. De plus, pour trouver une offre de formation continue intéressante, ils doivent souvent regarder à des centaines de kilomètres de chez eux, à Montréal notamment où se trouve un grand bassin de professionnels du milieu de la culture. 

Pour leur donner accès à de la formation continue, le CRC a mis en place un service de développement professionnel grâce au soutien d'Emploi-Québec et du ministère de la Culture et des Communications. 

La solution en formation

«Nous développons en moyenne une trentaine d'activités de formation par année pour répondre aux besoins des travailleurs du milieu culturel de la région», affirme Lucien Frenette, directeur général du CRC du Saguenay-Lac-Saint-Jean. 

L'initiative a commencé en 2000 et les travailleurs du milieu culturel peuvent soumettre leurs besoins à l'organisation. 

«Nous analysons les demandes et nous offrons des formations souvent sur mesure en faisant appel à des formateurs ou à des unités d'enseignement pour répondre aux besoins», explique M. Frenette. 

Par exemple, Bande Sonimage, organisme à but non lucratif de soutien à la création en cinéma-vidéo, organise quelques formations par année grâce au soutien du CRC. Très souvent, les formateurs invités proviennent de Montréal. 

«Nous avons eu entre autres une formation en prise de son avec Dominique Chartrand (Bon Cop, Bad Cop, Maman Last Call, Le Marais) qui travaille en cinéma à Montréal, puis une en caméra haute définition avec Geneviève Perron (Camion, Le journal d'Aurélie Laflamme)», indique Claudia Chabot, directrice générale de Bande Sonimage. 

«Il nous arrive même de proposer des classes de maître données par des gens de l'extérieur du Canada, comme ce fut le cas dans le domaine de l'art de la marionnette en collaboration avec le Festival des arts de la marionnette à Saguenay», indique Lucien Frenette. 

Du perfectionnement est aussi offert par exemple en gestion et ressources humaines ainsi que pour certains logiciels. 

Le CRC a lui-même fait profiter à des membres de son personnel de quelques formations offertes, notamment sur les médias sociaux. 

L'horaire est adapté aux besoins de la clientèle. 

«Les formations peuvent être aussi courtes que 4 heures, ou atteindre 90 heures réparties sur plusieurs jours, précise M. Frenette. Elles peuvent se donner la semaine ou la fin de semaine.»

Les résultats

La loi favorisant le développement et la reconnaissance des compétences de la main-d'oeuvre oblige les employeurs avec une masse salariale annuelle d'un million de dollars et plus d'investir au moins 1% de leur masse salariale en formation des travailleurs. Cela laisse plusieurs travailleurs du milieu culturel en pan puisqu'ils travaillent pour de petites organisations. 

Le service de développement professionnel du CRC permet de compenser. 

«Nous donnons un service d'une valeur d'au moins 100 000$ par année et si on transpose ce montant au niveau de la loi, c'est comme si on était une entreprise d'une masse salariale d'au moins 10 millions», précise Lucien Frenette. 

Cette somme permet de créer de l'expertise dans le milieu culturel de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de garder les travailleurs à l'affût des dernières avancées. 

«Les formations sont souvent payées à 80% par le CRC et ses partenaires, cela devient alors très intéressant pour les participants, indique Claudia Chabot. Sans ce soutien, il serait très difficile pour nous d'offrir des formations vraiment intéressantes parce qu'elles seraient probablement trop coûteuses. Il faut payer le formateur, ses déplacements et les frais de son séjour.»

Aux yeux de la directrice générale de Bande Sonimage qui est également réalisatrice, cette mesure de soutien permet aux travailleurs du milieu culturel de la région d'avoir accès pratiquement à la même offre de formation continue que leurs collègues montréalais. 

«Je dirais même que c'est encore mieux, parce que comme on fait généralement venir un formateur de l'extérieur de la région, on profite souvent de l'occasion pour organiser des activités complémentaires avec lui, comme un 5 à 7. Le formateur peut y partager son expérience, sa passion; cela donne lieu à des échanges très enrichissants.»

Le CRC évalue qu'elle rejoint entre 200 et 250 personnes du milieu culturel par ses formations chaque année.