Créatifs, inspirants, passionnés: certains patrons ont l'étoffe des grands. Pour connaître leurs astuces, La Presse a lancé un appel à tous pour découvrir des dirigeants allumés et appréciés.

Pour Rémi Belliveau, le leadership est comme un jeu d'échecs: tout est une question de stratégie. Avec quatre usines et 360 employés sous sa responsabilité, le vice-président d'une entreprise de recyclage de métaux en a bien de besoin.

Titulaire d'un DEP en mécanique industrielle et d'un certificat en administration, il a commencé sa carrière en 1992. Il a gravi les échelons, passant de superviseur de production à surintendant dans différentes usines. Depuis juillet 2012, il est vice-président aux opérations déchiqueteurs et downstream pour American Iron & Metal (AIM).

Rémi Belliveau doit s'assurer que les déchiqueteurs sont fonctionnels. Il a deux usines de traitement des métaux non-ferreux sous son aile, le service qui traite le cuivre et celui qui se charge de la destruction des sous noirs. Il s'occupe également de l'entretien des machines et il gère un budget de 60 millions de dollars.

«Ça peut paraître beaucoup, mais je ne fais pas cela tout seul. Je peux compter sur l'aide des gestionnaires dans chaque usine. Il n'y a pas beaucoup de hiérarchie, mais chacun a son rôle», dit-il.

Rentabilité et changements

Joueur de hockey (dont quelques années dans la Ligue junior majeure du Québec), M. Belliveau se voit plutôt comme un entraîneur au travail. «J'explique les règles du jeu à mon équipe, je leur donne les outils pour accomplir leurs objectifs et je les épaule. On règle les problèmes ensemble, en dépersonnalisant la situation», explique-t-il.

Selon lui, un bon leader est transparent, intègre et accessible. Et il n'a pas peur de prendre des décisions impopulaires. Il a d'ailleurs déjà laissé sa marque dans les façons de faire d'AIM. «Je suis un agent de changement. J'ai modifié les horaires afin que l'usine ne ferme jamais. Les employés font maintenant des quarts de 12 heures», illustre-t-il. Résultat: la productivité a augmenté de 33 à 35 %.

Il a également mis davantage l'accent sur la santé et la sécurité au travail, pour éviter les accidents.

Ces changements ne se font toutefois pas sans heurts. «Je prends des décisions difficiles. Je dérange souvent, même si je pense faire pour le mieux de l'entreprise tout en respectant les gens. Je dois travailler mon côté politique», avoue-t-il.

Pour motiver les employés, Rémi Belliveau croit que le meilleur truc est de leur donner des buts à atteindre.

«Je suis exigeant et j'aime la franchise, ajoute-t-il. Je suis stratégique, j'observe les opérations et j'essaie de voir comment les améliorer. S'il y a un problème, je veux comprendre ce qui s'est passé, sans détour. En retour, j'admets aussi mes erreurs.»

Plusieurs défis attendent Rémi Belliveau dans cette industrie où tout doit aller à la vitesse grand V. Ça tombe bien, c'est ce qui le motive le plus. Malgré ses responsabilités, il reste humble.

«J'ai un parcours particulier. Je ne suis pas le plus intelligent. J'ai toutefois réussi à m'entourer des bonnes personnes et je suis fier des résultats, fier des progrès de l'équipe», lance-t-il.