Le métier d'électricien a un champion canadien, et c'est un Québécois: David Gagnon, 21 ans, qui court maintenant la chance de devenir champion du monde de son domaine. En juillet prochain, il représentera le Canada au 42e Mondial des métiers. L'événement aura lieu à Leipzig, en Allemagne.

Dans l'univers des métiers manuels et techniques, le Mondial des métiers est l'équivalent des Jeux olympiques. Tous les 2 ans, plus de 1000 participants provenant de 58 pays se réunissent dans une ville différente pour s'affronter et déterminer quels candidats sont les meilleurs du monde dans leur métier respectif. L'événement, qui réunit 43 disciplines, attire, en plus des concurrents, quelque 2000 experts, 3000 bénévoles et 200 000 visiteurs venus observer les candidats en pleine action.

Champion canadien

Cette année, la compétition a lieu à Leipzig du 2 au 7 juillet, et l'équipe canadienne envoie 35 participants. De ce nombre, une douzaine provient du Québec, dont David Gagnon, résidant d'Eastman et diplômé depuis l'an dernier du Centre régional intégré de formation de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs, à Granby.

En juin 2012, David Gagnon a été couronné champion aux Olympiades canadiennes des métiers et technologies, à Edmonton, ce qui lui a assuré une place au sein de l'équipe.

Pour lui et son coach, l'enseignant Philippe Brasseur, le Mondial des métiers, c'est du sérieux! Récemment, le jeune électricien se rendait en France suivre une formation et obtenir une certification pour KNX, un système de domotique qui comptera pour plusieurs points à la compétition de Leipzig. «Au Canada, il n'y a que cinq électriciens environ qui sont qualifiés pour ce système», dit-il.

Et d'ici la finale, le jeune homme a même pris congé de son employeur pour s'entraîner à temps plein dans un module spécialement aménagé à cette fin à son école.

À la compétition, chaque candidat doit réaliser des épreuves dans un temps limité devant jury et public. Sur place, David Gagnon devra installer un système électrique complexe de la façon la plus efficace possible, chacun de ses gestes étant évalué.

«Nous recevons l'épreuve et des plans du module à l'avance, mais en sachant que l'épreuve pourra subir jusqu'à 30% de modifications lors de la finale», explique-t-il.

«Depuis octobre dernier, nous avons mis au point des stratégies pour permettre à David de raffiner ses gestes et d'être plus précis, par exemple dans ses coupes ou ses prises de mesure. Chaque semaine, on ajoute de nouvelles difficultés», dit Philippe Brasseur.

David Gagnon avoue qu'au départ, il était un peu sceptique par rapport à cette expérience. «Par la suite, je me suis vraiment pris au jeu», dit-il.

Ce sont ses professeurs qui, réalisant son potentiel, l'ont incité à se lancer dans cette aventure.

Autonome et rapide

Un bon électricien est autonome, débrouillard et rapide. «Avec ces trois qualités, un étudiant est remarqué immédiatement et part gagnant, dit Philippe Brasseur. C'est ensuite notre rôle comme enseignant de le développer.»

En compétition, certains pays préparent leurs candidats comme de véritables robots. «Ils sont très axés sur l'apprentissage par coeur. Une fois sur place, avec les changements, ils sont déstabilisés, dit Philippe Brasseur. On veut plutôt que David soit à l'aise et capable de s'ajuster et de réagir.»

À la compétition, ce sont une médaille, l'honneur et la fierté qui récompensent les gagnants. Quelques pays prennent toutefois l'initiative de récompenser leurs candidats s'ils remportent l'or, récompense allant même, dans certains cas, jusqu'à leur donner une maison! Au Canada, Compétences Canada assume tous les frais du voyage, et les candidats participent avant tout pour l'expérience.