À l'ère de la surconsommation, plusieurs couples détonnent de la majorité en choisissant de vivre avec un seul salaire. Malgré les contraintes financières, rares sont ceux qui regrettent leur choix.

En couple depuis 27 ans, Mario Rouleau et Monique Simard se sont établis à Gaspé en 2000 lorsque Mario a accepté un nouvel emploi. Depuis leur déménagement, Monique ne travaille plus à l'extérieur, en raison de difficultés à trouver du boulot et de problèmes de santé qui ont suivi.

«J'ai un salaire suffisant pour nous assurer une vie plus que décente, sans pouvoir nous permettre de luxe, explique Mario Rouleau, fonctionnaire de l'État québécois. Bien avant d'avoir un seul revenu, Monique et moi avions un budget commun. Nous nous assurions d'avoir le nécessaire, peu importe qui l'avait gagné. L'approche n'a pas beaucoup changé avec un seul salaire.»

Dans une société où le travail est hautement valorisé, répondre à la question «que faites-vous dans la vie?» est toutefois devenu plus délicat. «Au début, je trouvais cela très agaçant de sentir les préjugés, affirme Mme Simard. Mais le sentiment de valorisation doit faire l'objet d'un transfert du regard des autres vers le sien. Heureusement, je n'ai pas eu trop de misère à faire ça. Et puis, le regard qui m'importe le plus est celui de Mario. J'ai toujours senti son approbation et ses encouragements.»

Les deux amoureux sont aussi d'avis que le travail à l'extérieur n'apporte pas que des bienfaits. «Même si le travail procure une vie sociale intense et des occasions de valorisation, le stress et ses effets secondaires peuvent être très dommageables, soutient Mario. J'avoue même ressentir une certaine fierté à permettre à ma conjointe de ne pas être obligée d'aller travailler.»

Papa à la maison

Quand Michel Morissette et Amélie Arel-Dubeau ont accueilli leur premier enfant, en juillet 2012, le couple a décidé que papa resterait à la maison. «Nous venons tous deux d'une famille où l'un des parents travaillait et l'autre restait avec les enfants. Pour nous, c'était presque une évidence d'élever notre fils à la maison, explique Mme Arel-Dubeau, recherchiste.

Ma mère m'a appris à compter, à attacher mes lacets et plusieurs autres petits trucs de la vie. Quand je revenais de l'école primaire, elle nous aidait pour les devoirs, au lieu de courir nous chercher à la garderie. Si Michel n'avait pas voulu rester à la maison, j'aurais été déchirée entre mon boulot que j'adore et l'envie de reproduire le modèle dans lequel j'ai grandi.»

Afin de faciliter la transition de deux à un seul salaire, le couple a choisi de vendre son condo à Montréal pour acheter une maison beaucoup moins chère à Saint-Amable. Étant donné que M. Morissette ne se sentait plus épanoui dans son travail de représentant aux ventes, il a quitté son emploi lorsque son enfant a eu 4 mois.

«Je trouve ça aussi valorisant, sinon plus, de voir mon garçon grandir au quotidien. Les gens me demandent souvent comment je trouve ça. Comme si c'était plus difficile pour moi, mais que ce serait naturel pour une femme. Dans la réalité, ça se déroule bien. Je pensais avoir un peu plus de temps pour mes projets personnels, mais je passe surtout mon temps avec mon gars. Je ne suis pas déçu de ça, et lui non plus. Comme on prévoit avoir un deuxième enfant bientôt, je compte rester à la maison pour quelques années.»