Cafétérias branchées ou salles de gym au travail sont de nos jours tellement courantes qu'elles en sont devenues presque banales. Aujourd'hui, l'employeur qui veut se distinguer pour séduire les candidats doit trouver des idées plus originales afin d'offrir un climat agréable au travail. Avec la tendance du jardinage urbain, un jardin au boulot représente une nouvelle étape sur cette voie, en plus d'être écolo.

Depuis quelques années, des précurseurs offrent à leur personnel des terrasses-jardins avec des potagers en pots. Les employés sont libres d'y cueillir les légumes qui leur plaisent pour les déguster sur place ou les apporter à la maison. C'est le cas notamment de l'agence de publicité Cossette, à Québec, du cabinet Raymond Chabot Grant Thornton et de l'Hôtel du Vieux-Québec.

«En plus de leurs avantages environnementaux, comme la production locale et la réduction des gaz à effets de serre, les jardins au travail répondent à plusieurs objectifs, dit Marie Eisenmann, cofondatrice de l'organisme les Urbainculteurs. Ils améliorent l'apparence visuelle des lieux, contribuent à la rétention de personnel, améliorent l'image de l'entreprise, et procurent aux employés des lieux agréables pour manger ou prendre leur pause, tout en leur fournissant des légumes frais et bons pour leur santé. C'est une mesure très concrète pouvant faire partie d'une démarche de développement durable pour l'entreprise.»

Service complet

Les Urbainculteurs est un jeune organisme sans but lucratif qui fait la promotion du jardinage et de l'agriculture urbaine. «Nous offrons un service clé en main qui inclut l'installation du jardin en pots, l'entretien, et le rangement à la fin de la saison. On peut aussi offrir un encadrement à l'entreprise dont les employés souhaitent s'engager et faire l'entretien du jardin eux-mêmes.»

Le jardin est très apprécié du personnel et de la clientèle, constate Martine Delagrave, directrice générale de Cossette Québec.

«Il n'y a pas de permission à demander, tout le monde peut se servir, dit-elle. Celui qui n'a pas le pouce vert peut en bénéficier autant que le puriste qui mange bio, ça démocratise le jardinage. Les gens se prennent simplement une tomate et se font un sandwich le midi, tandis que les plus passionnés vont voir tous les matins s'il y a des progrès.»

Un jardin à la disposition du personnel permet d'attirer des employés pour qui les valeurs sociales et environnementales sont importantes. Ce fut un facteur d'attraction certain pour Sonia Larochelle, réceptionniste à l'Hôtel du Vieux-Québec, qui est végétalienne.

«Avant d'être embauchée, quand je regardais le site de l'hôtel, j'ai constaté qu'il y avait plusieurs mesures environnementales en plus du jardin, et cela m'a encouragée à travailler pour eux, car c'était en accord avec mes valeurs, dit-elle. En plus, j'ai eu des légumes frais biologiques à plusieurs reprises pendant tout l'été.»

Coûts

Les avantages d'un jardin en pots de géotextile sont qu'il coûte beaucoup moins cher que l'aménagement d'un toit vert en pleine terre. Il est plus facile à installer et peut être déplacé au besoin.

«Cela revient à environ 15$ le pi2 la première année, ce qui inclut le matériel et la main-d'oeuvre pendant toute la saison, précise Mme Eisenmann. Une fois que l'on a acheté le matériel de base, les coûts sont moindres les années suivantes. Le fait d'avoir une solution simple permet de susciter un grand intérêt au sein des entreprises, c'est pourquoi le jardinage au travail devrait connaître une croissance importante au cours des prochaines années.»

Bien qu'il en soit à ses débuts, le jardin au boulot ouvre la porte à des activités intéressantes pour les employés: cours de jardinage le midi, consolidation d'équipe ou conférences.

«Il joue également un rôle d'exemple et de démonstration, dit Marie Eisenmann. Il peut inspirer un employé en milieu urbain qui n'a aucune connaissance préalable en jardinage et déciderait d'en faire un à la maison. «