Ils ont étudié en biologie, en sciences politiques ou en droit. Aujourd'hui, ils sont musiciens, programmeurs de jeux vidéo ou éleveurs de canards. La Presse dresse leur portrait et démontre que l'école ouvre bien plus qu'une porte.

Un infirmier qui délaisse le milieu de la santé pour devenir entrepreneur général? C'est le parcours peu banal de Carl-André Gagnon, qui construit des maisons depuis bientôt deux ans.

À 17 ans, au moment de son inscription au cégep, Carl-André Gagnon voulait devenir ambulancier. «J'étais très attiré par le métier et l'adrénaline que ça pourrait me procurer. J'ai déchanté quand j'ai appris le salaire qui allait avec. Je gagnais plus avec mon boulot d'étudiant», souligne-t-il.

Il obtient donc plutôt un diplôme d'études collégiales en soins infirmiers. Après ses études, il est embauché aux soins intensifs de l'hôpital Sainte-Justine, où il travaille durant cinq ans.

Parce que l'attrait pour le métier d'ambulancier l'habite encore, il décide toutefois de suivre la formation, en parallèle avec son emploi. «Les cours étaient très intéressants. Après les avoir suivis, par contre, les conditions de travail ne me satisfaisaient pas encore assez. Je suis finalement resté infirmier», dit M. Gagnon.

L'appel du chantier

À cette époque, il construit une première maison pour sa famille. La menuiserie, les délais à atteindre, la planification et la satisfaction du travail accompli: tous les détails sont intéressants pour lui. Il construit une deuxième maison et c'est là qu'il choisit d'accrocher son uniforme pour de bon et de quitter le milieu de la santé.

«J'ai suivi un cours d'entrepreneur général, j'ai acquis les permis nécessaires et j'ai fondé ma propre entreprise», explique Carl-André. Depuis octobre 2010, le marteau et le ruban à mesurer sont ses outils officiels.

S'il faut atteindre des objectifs en santé comme en construction, Carl-André Gagnon ne voit pas vraiment d'autres liens entre ses deux métiers. «Contrairement aux soins infirmiers, je vois concrètement l'avancement de mon travail chaque jour. En plus, je suis mon propre patron. Ça n'a pas de prix», assure le principal intéressé.

Le seul problème avec son entreprise, c'est qu'il a toujours la tête au travail. «Mais en soins intensifs, des journées de 16 heures, ce n'est pas rare. C'est difficile d'avoir une qualité de vie à ce rythme-là. Aujourd'hui, je travaille peut-être plus, mais je choisis les heures que je fais. Ce n'est pas du tout comparable», estime-t-il. Le milieu infirmier devra faire son deuil: la construction lui a définitivement volé Carl-André Gagnon.