Des inscriptions en baisse tant au collégial que dans les universités. Des milliers de postes à combler dans les entreprises. Une méconnaissance générale du secteur parmi la population.

Devant les problèmes de relève qui pointent à l'horizon, l'industrie des technologies de l'information et des communications sonne l'alarme.

«Il y a de moins en moins de finissants dans le domaine et ça nous inquiète. Il faut vraiment se mobiliser pour renverser la tendance», lance Jean Dupuis, président du Réseau ACTION TI-Montréal.

Le constat est clair: entre 1999 et 2010, les inscriptions au collégial en informatique ont chuté de 67%, selon les chiffres de l'organisme Technocompétences.

Les inscriptions universitaires en informatique ont quant à elles décliné de 34% entre 2001 et 2007, avant de connaître une légère hausse de 4% entre 2008 et 2010. Selon Technocompétences, 7500 postes seront à combler chaque année dans 22 professions liées aux technos jusqu'en 2014.

«Il y a un désintérêt des jeunes pour tout ce qui est science, technologie, ingénierie et mathématiques, observe Sylvie Gagnon, directrice générale de Technocompétences. C'est un phénomène propre à l'Amérique du Nord. Mais ce n'est pas tout de former de la main-d'oeuvre, encore faut-il que ces ressources humaines répondent au besoin des entreprises.»

Question de relancer l'intérêt envers le secteur, Réseau Action TI organise ce soir le Gala des CIO - l'acronyme est pour Chief Information Officer, ou chef des technologies de l'information. L'événement vise à braquer les projecteurs sur ceux qui occupent les plus hautes fonctions en technologies de l'information au sein des entreprises.

Rôle du CIO

En principe, le rôle du CIO est simple: tirer le plein potentiel des technologies de l'information pour créer des avantages compétitifs pour son entreprise.

Dans les faits, le métier se décline toutefois différemment selon l'entreprise où travaille le chef des technologies. «C'est quand on rencontre le CIO du Cirque du Soleil qu'on réalise toute l'importance des technologies de l'information pour eux, dit Jean Dupuis. Juste la gestion des costumes est en monde en soi. Le CIO de Bombardier évolue dans un autre univers. Et le CIO d'une banque a des défis qui lui sont propres - la sécurité, les applications virtuelles...»

Les CIO ont souvent des mandats qui touchent le coeur même des affaires d'une entreprise. La Presse Affaires n'a pas eu à chercher très loin pour en trouver un. Matthieu Delorme est chef de la technologie chez Gesca, le groupe médiatique qui chapeaute La Presse.

Quand M. Delorme arrive chez Gesca il y a six ans, le site web de La Presse est au quatrième rang des sites d'information les plus consultés par les Québécois.

«Mon premier mandat, c'était d'amener le site en première position», raconte M. Delorme.

L'homme constate rapidement que l'entreprise ne pourra remplir cette mission avec les outils informatiques dont elle dispose. M. Delorme s'entoure de gens compétents, puis investit pour doter Gesca des technologies dont elle a besoin. Il pilote ensuite l'acquisition d'une boîte de graphisme web, Generation Flash, question de bonifier l'expertise de Gesca en conception de sites web.

En juin 2009, M. Delorme peut dire mission accomplie. Le site web de La Presse devance celui de Radio-Canada pour occuper la première place. Mais pas question de souffler pour Matthieu Delorme. Un nouveau projet le happe: faire migrer le contenu de La Presse vers les tablettes numériques. Entre-temps, son équipe doit aussi veiller aux besoins technologiques tant de la salle de rédaction que de l'équipe de publicité et du service des finances...

«Les demandes arrivent de partout. Mon travail, c'est d'y répondre le mieux possible, tout en gardant à l'esprit l'aspect budgétaire de tout ça», dit M. Delorme.

«L'une des grandes qualités d'un bon CIO, c'est d'être capable de dire non, dit d'ailleurs Gregory S. Smith, auteur du livre Straight to the Top: Becoming a World-Class. Il reçoit beaucoup de demandes, mais doit savoir établir des priorités.»

À l'occasion du gala de ce soir, sept bourses de 2500$ chacune seront remises à des étudiants inscrits dans des programmes de technologies de l'information. Le prix du CIO de l'année sera aussi décerné.