Ève Gravel a habillé les chanteuses Ariane Moffatt, Coeur de Pirate, Mara Tremblay et Stéphanie Lapointe. Depuis une dizaine d'années, la jeune designer joue du coude pour se tailler une place sur mesure dans le monde de la mode.

«La création, c'est environ 10% de mon temps. Une fois que la collection est dessinée, il y a plusieurs autres tâches», note la designer de 32 ans. Parmi celles-ci, il y a le marketing, la comptabilité, les discussions avec les fournisseurs et les sous-traitants, le suivi auprès des clients, le contrôle de la qualité, etc. Elle a tellement de travail qu'elle peine à prendre deux semaines de vacances par an! Quatre personnes travaillent à l'atelier, mais de nombreux professionnels gravitent autour d'elles.

Sa formation ne l'avait pas préparée à cette réalité. «La gestion de l'entreprise ne faisait pas partie de ma formation. J'ai donc participé à plusieurs ateliers et conférences pour parfaire mes connaissances, explique-t-elle. J'étais aussi bien entourée, car mon père travaille en finances et il m'a donné de judicieux conseils.»

Dès l'adolescence, la jeune femme originaire de Chicoutimi aimait transformer ses vêtements. À 16 ans, elle a quitté son patelin pour étudier à l'Académie de mode Richard Robinson, à Ottawa. Durant les trois premières années de sa carrière, elle a travaillé auprès des créateurs Georges Lévesque, Kevin Alwood et Kathleen Kovats. «C'était surtout du travail en atelier, je faisais de la couture et du patron. J'y ai pris de l'expérience technique», raconte-t-elle.

Son rêve de lancer sa propre griffe n'était toutefois pas bien loin. Elle s'est lancée en 2002, non sans mal. «C'est un métier difficile, confie Mme Gravel. Il faut toujours faire sa place, essayer de se renouveler, offrir des choses différentes de saison en saison. La compétition est forte. Et il ne suffit pas de présenter une belle collection, ensuite il faut aussi être capable de la mettre en marché.»

Malgré la concurrence des grandes chaînes offrant des vêtements abordables fabriqués à peu de frais à l'étranger, Mme Gravel a confiance en l'avenir. «Quand j'ai commencé, il y avait moins de designers et moins de boutiques ouvertes à offrir à leur clientèle des créations d'ici. Maintenant, il y en a de plus en plus. Les gens aiment davantage s'habiller avec des vêtements réalisés par des créateurs locaux.»

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Dessinateurs de mode*

Revenu annuel moyen: 35 000$

Nombre de personnes en emploi: 4500

Demande de main-d'OEuvre 2010-2015: modérée

Taux de chômage 2010: modéré

Perspectives: acceptables

*Comprend aussi les ensembliers de théâtre, concepteurs d'exposition et autres concepteurs artistiques

Sources: Le marché du travail au Québec - Emploi Québec