Opérateur d'ascenseur, laitier, draveur... Avec l'évolution des technologies, certains métiers ont disparu ou sont en voie de disparition. La Presse dresse pour vous le portrait de ces dinosaures du monde du travail et de leurs équivalents à l'avenir.

De taxonomiste...

Une flopée d'espèces cohabitent sur terre. Les premiers biologistes du 18e siècle rêvaient de dresser un inventaire exhaustif de la faune et de la flore de notre planète. Or, selon les scientifiques, il en resterait quelques millions à décrire!

Un travail colossal, qui repose sur les épaules des taxonomistes, un métier pourtant en voie de disparition.

Pierre-Paul Harper fait partie de l'équipe scientifique du Centre sur la biodiversité de l'Université de Montréal. Il se spécialise dans la taxonomie des insectes, après avoir notamment étudié les poissons. «La taxonomie a pour objectif de décrire le monde selon l'ordre de la nature», explique-t-il.

Depuis Linné (le premier taxonomiste), un système de classification permet de nommer les espèces de manière universelle, avec un nom de genre et un nom d'espèce. «Nous observons la morphologie, les ailes et les pattes d'un insecte par exemple, pour essayer de nommer et de reconnaître l'espèce», précise Pierre-Paul Harper.

L'endroit d'origine et les caractères évolués de l'espèce sont aussi des indicateurs. Une fois cette première tâche accomplie, il faut classer cette espèce par catégorie de familles.

Comme le champ est trop vaste pour un seul homme, les taxonomistes se spécialisent sur un groupe d'êtres vivants particulier. Ils peuvent entre autres s'intéresser aux oiseaux, aux coléoptères ou aux mousses.

Un esprit d'analyse mathématique est essentiel au travail du taxonomiste. Celui-ci doit pouvoir analyser des statistiques très poussées et en tirer des conclusions. Il faut aussi être patient! La taxonomie traditionnelle est un travail de moine.

... à biologiste moléculaire

La biologie moléculaire est une science principalement utilisée dans le domaine de la santé, notamment dans la recherche contre le cancer. Appliquée à la taxonomie, celle-ci est un bon complément de cette science ancestrale.

La taxonomie traditionnelle demande du temps. Du temps pour observer, identifier, se renseigner, lire et partager avec ses pairs.

La biologie moléculaire vient accélérer ce processus. «Le travail reste le même: on essaie toujours de trouver les indices qui permettront de décrire la biodiversité. Avec le séquencement des gènes, c'est toutefois beaucoup plus rapide», estime Anne Bruneau, directrice de l'Institut de recherche en biologie végétale et professeur en Sciences biologiques à l'Université de Montréal.

En fait, l'analyse génétique permet d'avoir un second regard sur les différentes espèces.

L'utilisation de codes-barres génétiques donne accès aux chercheurs à une «bibliothèque des espèces», et identifie potentiellement chaque être vivant connu à partir d'un marqueur.

Cette approche permet également de corriger certaines erreurs de taxonomie. Un seul nom pouvait, par exemple, désigner trois espèces différentes, mais de même famille. «Ça nous permet en quelque sorte de faire du ménage dans les espèces», explique Anne Bruneau.