Depuis plusieurs mois, La Presse vous présente sous la rubrique Nouveau départ, des gens qui ont effectué un changement de carrière. Comment ont-ils réussi à bien gérer cette transition ? Voici quelques trucs avant de faire le grand saut.

Le changement de carrière de Benoit Goyette s'est déroulé comme un conte de fées. Directeur de comptes chez Desjardins, il a décidé il y a quelques années de réaliser un rêve de jeunesse : devenir ambulancier-paramédical.

Il a trouvé un centre de formation, et a attendu d'être officiellement accepté dans le programme avant d'en informer son patron.

Une très bonne idée, d'après Carolina Castro, conseillère en ressources humaines agréée (CRHA) et conseillère en gestion de carrière chez Vézina Nadeau Labre.

«Il faut que la personne soit bien assise par rapport à son projet avant d'en parler. Le projet doit avoir pris racine, il ne doit pas être trop flou parce que sinon, c'est facile de mal le présenter à son employeur», explique-t-elle.

Jouer franc jeu?

Une fois que la décision est prise, doit-on en informer rapidement son employeur ou repousser le plus possible le moment de vérité?

Carolina Castro invite ses clients à être le plus honnête possible, mais affirme qu'on doit être bien préparé avant de faire l'annonce officielle.

«Il faut se demander par exemple, si on est la première personne au sein de l'entreprise à oser faire ça. Si d'autres personnes sont passées par là avant nous, comment cela s'est-il passé? On peut aussi lancer un ballon pour voir la réaction des gens. Par exemple, on peut parler d'une amie qui a effectué un grand changement de carrière... Il faut aussi se questionner sur le lien de confiance qu'on a avec son supérieur», affirme-t-elle.

Il ne faut pas oublier non plus de regarder la convention collective et les options offertes au département des ressources humaines, comme la possibilité de prendre une année sabbatique, d'aller suivre de la formation, de changer d'horaire, ou de poste, etc.

«Faire son plan d'action, cela signifie penser à tout ça!», affirme Mme Castro.

Lorsqu'il a finalement annoncé son choix à son employeur, tout s'est bien déroulé pour Benoit Goyette.

«Plus de quatre mois avant mon départ, j'ai décidé de jouer franc-jeu avec mon employeur. Il a bien compris et il a apprécié ma franchise. Je lui ai proposé de continuer à travailler à temps partiel pendant ma formation et il a accepté», affirme-t-il.

Steve Pilon, qui a quitté son poste de directeur principal des communications dans une grande banque pour ouvrir sa lunetterie, VIZU-L, à Rosemère, a pour sa part préféré attendre le plus longtemps possible avant de faire l'annonce.

«Je travaillais sur mon projet depuis des mois les soirs et les week-ends et quand j'ai démissionné, mon plan d'affaires était complété et j'étais en train de visiter les locaux. Je n'ai rien dit à mon employeur par crainte de représailles. J'étais convaincu que ma patronne ne serait pas contente parce que j'étais très apprécié, et elle n'avait pas intérêt à me perdre. Et effectivement, elle n'a pas été contente. La passation des pouvoirs s'est tout de même bien faite et j'ai accepté de faire quelques mandats à distance pour leur faciliter la vie», explique-t-il.

Avoir un plan B

Carolina Castro conseille aussi de prévoir un plan B : « si quelqu'un décide d'être très honnête et de faire connaître ses intentions avant d'être prêt à quitter son emploi, il doit être conscient que son employeur peut lui demander de quitter immédiatement son poste. »

Cela peut signifier être prêt à se trouver un nouvel emploi pour la période de transition, ou encore, aller piger dans ses REER, ou attendre d'accumuler un coussin financier important avant de dire quoi que ce soit.