Michel, un élève de deuxième secondaire, est fier de montrer à La Presse le sonomètre, un appareil qui mesure le degré d'intensité du son, qu'il a fabriqué lors d'un atelier en matinée.

«J'ai appris à souder et j'ai regardé dans un microscope», affirme celui qui aime déjà beaucoup les sciences.

Fébrile, il se dirigeait maintenant vers un atelier où il allait découvrir comment la chimie peut servir en cuisine.

«Je leur montre à préparer une vinaigrette. C'est une façon de les intéresser à la chimie», explique Hugo Bélisle, chimiste responsable du laboratoire à l'ÉTS.

Les garçons, clientèle traditionnelle de l'école de génie, étaient nombreux à s'être portés volontaires pour cette journée «ingénieurs d'un jour», mais les filles ne donnaient pas leur place. Marie-France, Jade et Nadège, trois élèves de 6e année du primaire, étaient bien contentes d'avoir réussi à construire chacune leur petite voiture solaire.

Elles étaient tout de même entre bonnes mains! L'atelier était organisé par Frédérick Ammann, étudiant en génie électrique qui a reçu la médaille d'or d'Ingénieurs Canada en raison de ses résultats scolaires (une moyenne de 4,27 sur 4,30) et de son engagement parascolaire. Il est capitaine du club de la voiture solaire Éclipse.

«C'est le fun de montrer aux jeunes comment fabriquer de petites voitures solaires. Ils se demandent souvent à quoi ça sert les sciences à cet âge-là. Là, ils le voient», affirme Frédérick Ammann.

En plus de les amener à démystifier la profession d'ingénieur, la journée leur permettait de se familiariser avec l'université. En effet, la plupart des élèves y mettaient les pieds pour la première fois.

Qu'a pensé Yves Beauchamp, directeur général de l'ÉTS, de cette journée où les jeunes fourmillaient dans les corridors de son établissement? «Plus il y aura d'activités comme ça, mieux ce sera. Pour chaque diplômé, nous avons en moyenne cinq offres d'emplois. C'est à cet âge-là qu'il faut les intéresser à la profession d'ingénieur.»

Il s'inquiète particulièrement des filles. «Nous devons vraiment travailler avec les cégeps pour amener les filles dans les programmes techniques pour qu'elles puissent par la suite venir étudier chez nous. En ce moment, seulement 9% des étudiants des programmes techniques dans les cégeps sont des filles.»

Y a-t-il de l'espoir avec Nadège, Marie-France et Jade? Il semble que oui! «C'est impressionnant de voir ce qu'on peut faire avec la science. J'aimerais ça venir étudier ici plus tard. Ça a l'air le fun», dit Nadège, tout en testant sa voiture solaire avec le projecteur.

Le recrutement est en fait une préoccupation constante pour les écoles de génie. «La pénurie se comptera en dizaines de milliers d'ingénieurs dans les prochains 10 ans au Canada. Il faut trouver des façons originales d'amener les jeunes à se diriger vers le génie», indique Emmanuelle Berthou, agente d'information à l'ÉTS.

Une expérience à répéter

Pour cette première année, l'ÉTS a invité 225 élèves de 10 à 14 ans provenant de six écoles de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, dans l'ouest de Montréal.

«Au début, lorsque j'ai approché la commission scolaire, on m'a dit que si je réussissais à intéresser 200 jeunes, ce serait bon, parce que les sciences, ce n'est pas nécessairement ce qui intéresse les plus les jeunes. Finalement, ils ont été 1600 à s'inscrire! On a dû refuser la grande majorité», indique Mme Berthou.

Fière du succès de la journée, elle compte bien répéter l'expérience. «J'aimerais bien qu'on refasse l'activité l'an prochain et qu'on l'étende pour rejoindre les commissions scolaires qui sont plus dans l'est de Montréal.»