La disparition possible des magasins de grande surface Toys "R" Us causerait un tort aux consommateurs francophones, croit l'industrie québécoise du jouet. Ceux-ci verraient chuter dramatiquement le nombre de jouets offerts en version française, craint l'un des plus importants distributeurs de la province.

« Dans l'industrie du jouet, si Toys "R" Us devait fermer, ça ne serait pas une bonne nouvelle », fait savoir Paule Rancourt, directrice générale de Jouet K.I.D., de Québec.

Mercredi, l'entreprise américaine a confirmé à ses employés qu'elle envisageait de fermer chacun de ses quelque 740 magasins aux États-Unis, ce qui devrait entraîner l'abolition d'environ 30 000 emplois. Le sort des magasins canadiens reste incertain, bien qu'un acheteur ait manifesté son intérêt.

Toys "R" Us Canada, avec 82 magasins, a toujours soutenu qu'elle poursuivait ses activités comme d'habitude, bien qu'elle se soit mise à l'abri de ses créanciers en septembre dernier, peu après que sa grande soeur américaine l'eut fait.

Hier, la présidente de Toys "R" Us Canada, Melanie Tudd-Murch, a envoyé une lettre à ses fournisseurs dans le but de les rassurer en soutenant que les magasins canadiens se portaient bien.

Malgré ces propos rassurants, l'incertitude reste entière.

Aucun détaillant de jouets n'offre une sélection de jouets aussi large que Toys "R" Us. Sa présence et son pouvoir d'achat ont convaincu pendant des années les fabricants et les distributeurs canadiens et étrangers d'offrir à la clientèle québécoise des produits en français, ce que prescrit la Charte de la langue française aux articles 51 et suivants.

« Il y a des amendes si l'on met sur nos rayons des produits unilingues anglais. Le Québec va être l'un des principaux territoires affectés à cause de la langue française si Toys "R" Us disparaît demain matin », dit Paule Rancourt.

La disparition de la chaîne aurait un effet dramatique sur l'offre de produits offerts en français, poursuit-elle.

L'industrie québécoise du jouet a d'ailleurs tenu son congrès en début de semaine à Drummondville. L'avenir du géant aux pieds d'argile était de toutes les conversations, confie Isabelle Mathieu, présidente des six boutiques Le Tambourin et La Ronde Enchantée.

« Toys "R" Us a un pouvoir de négociation quand vient le temps de réclamer des produits en français auprès des Hasbro et Mattel de l'industrie, reconnaît-elle. Ceux-ci deviennent disponibles pour les autres détaillants. C'est un avantage. »

UN ACHETEUR POUR LES MAGASINS CANADIENS

Lueur d'espoir, toutefois, pour les consommateurs canadiens, le président et chef de l'exploitation de la chaîne aux États-Unis, David Brandon, a confirmé qu'il avait reçu une offre pour les activités canadiennes du détaillant.

Dans une brève déclaration transmise par courrier électronique à La Presse canadienne, le président et chef de l'exploitation de MGA Entertainment, Isaac Larian, a expliqué que les activités de Toys "R" Us Canada fonctionnaient bien, qu'elles étaient bien dirigées et qu'elles représentaient une bonne affaire si leur prix était raisonnable.

MGA Entertainment, de Californie, détient déjà diverses marques, notamment L.O.L. Surprise !, Little Tikes et Num Noms.

M. Larian ne s'intéresse pas seulement aux magasins canadiens. Pour lui, la mort du détaillant aux États-Unis serait catastrophique pour toute l'industrie du jouet. Il a fait un appel hier à ses amis millionnaires sur le réseau social LinkedIn dans le but de sauver le plus grand nombre de magasins possible aux États-Unis.

- Avec La Presse canadienne