La première ministre de l'Ontario accuse les enfants des cofondateurs de Tim Hortons d'intimider des employés ontariens de la chaîne de cafés en diminuant leurs avantages sociaux face à l'augmentation du salaire minimum dans la province.

Kathleen Wynne a affirmé que si Ron Joyce Jr, dont le père a cofondé la chaîne de cafés, était opposé à la décision de son gouvernement libéral de hausse le salaire minimum, il aurait dû s'en prendre à elle, et non aux travailleurs.

«Je serais contente si cet homme faisait des déclarations au sujet du gouvernement ou de la politique», a-t-elle affirmé. «Ce que je trouve vraiment injuste, et là où je crois que ça commence à être de l'intimidation, c'est qu'il s'en prend à ses employés. Il se comporte d'une façon que je trouve injuste pour ses employés, pour des gens qui font tout pour joindre les deux bouts.»

Dans une lettre transmise à la fin du mois dernier, Ron Joyce Jr et sa femme, Jeri Horton-Joyce - la fille de l'autre cofondateur de l'entreprise, Tim Horton - ont indiqué aux employés de leurs deux cafés Tim Hortons de Cobourg, en Ontario, que ceux qui souhaitaient encore bénéficier du régime d'assurance dentaire et d'autres prestations de santé devraient payer eux-mêmes une portion des coûts du programme. De plus, les employés ne pourront plus avoir de pauses rémunérées, selon la missive.

Selon le couple, ces mesures visent à permettre à leur entreprise - Ron Joyce Jr. Enterprises Ltd. - de contrebalancer la hausse du salaire minimum en vigueur depuis le 1er janvier. Celui-ci est passé de 11,60 $ à 14,00 $, et il augmentera d'un autre dollar, à 15 $ l'heure, le 1er janvier 2019.

Mme Wynne, qui tentera d'être réélue ce printemps, a misé sur des politiques comme celle sur le salaire minimum pour assurer son avenir politique.

«Quand j'ai lu les articles sur Ron Joyce Jr - un homme dont la famille a fondé Tim Hortons, une chaîne qui a été vendue pour des milliards de dollars - et quand j'ai lu comment il traitait ses employés, il m'a semblé que c'était un cas assez clair d'intimidation», a-t-elle affirmé.

La première ministre ontarienne évoque depuis des mois les thèmes de l'équité et des occasions qui se présentent dans l'économie provinciale, en faisant valoir que certains travailleurs sont laissés de côté. Mme Wynne a expliqué que son plan sur le salaire minimum visait à aider les travailleurs à faible revenu.

Plusieurs membres de la communauté d'affaires n'ont pas bien accueilli le plan. La plupart d'entre eux ont dit ne pas en avoir contre la hausse en tant que telle, mais plutôt contre la rapidité à laquelle elle est mise en place.

«Une situation difficile»

Bien que les changements annoncés dans la lettre des enfants des cofondateurs n'enfreignent pas la Loi sur les normes d'emploi de l'Ontario, Mme Wynne exhorte les propriétaires à reculer.

«J'espère qu'il (Ron Joyce Jr) comprend que ce n'est vraiment pas une chose décente à faire dans un endroit aussi fortuné que l'Ontario», a-t-elle dit. «J'espère qu'il reconnaît que ses employés ont besoin d'être traités de façon décente.»

Dans leur lettre aux employés, M. Joyce Jr et sa femme se sont plaints de «l'absence d'assistance et d'aide financière» de la part du siège social de Tim Horton et du gouvernement.

«Nous nous excusons pour ces changements», indique la lettre, relayée sur les médias sociaux. «Il est possible que nous rétablissions une partie ou l'ensemble des avantages sociaux que nous avons dû retirer lorsque nous aurons une meilleure idée des coûts pour l'avenir.»

Une porte-parole de la Great White North Franchisee Association (GWNFA), un groupe créé l'an dernier pour faire entendre les récriminations de certains des franchisés de Tim Hortons face à leur société mère, n'a pas voulu faire de commentaire au sujet de la lettre. Elle a en outre précisé que la famille Joyce ne ferait pas de commentaire pour les médias.

Cependant, le conseil d'administration de l'association a publié jeudi un communiqué de presse dans lequel il affirme que le gouvernement libéral de l'Ontario a mis ses membres dans une «situation difficile» avec la hausse du salaire minimum.

En plus de la hausse des salaires, la législation a introduit une augmentation des coûts pour les régimes de retraite, l'assurance emploi et les contributions des employeurs aux payes de vacances, a souligné la déclaration.

«L'objectif de la GWNFA et de ses membres est de limiter les pertes d'emplois si possible, et conséquemment, des franchisés ont été forcés de prendre des mesures pour protéger leurs activités dans cette nouvelle réalité fiscale attribuable à des hausses importantes des coûts de main-d'oeuvre.»

PC

Kathleen Wynne