Les fortes précipitations de neige en mars, combinées à des températures particulièrement froides dans plusieurs grandes villes canadiennes pourraient amputer les profits nets de Canadian Tire de plusieurs millions de dollars.

Après avoir ajouté plusieurs statistiques météorologiques à son analyse, l'expert en vente au détail Peter Sklar, chez BMO marchés des capitaux, a révisé à la baisse ses prévisions de bénéfice trimestriel pour Canadian Tire. Il a soustrait 9,13 millions à ses premiers calculs.

Le détaillant dévoilera jeudi les résultats de son premier trimestre commencé le 1er janvier et clos en mars.

Jusqu'à lundi, la BMO prévoyait un bénéfice net par action de 1,03 $. Mais elle l'a réduit à 90 cents. Il s'agit d'une diminution non négligeable de 13 %. De plus, un résultat à 90 cents par action serait exactement pareil à celui du premier trimestre un an plus tôt. Autrement dit, Canadian Tire afficherait un résultat parfaitement stable, ce que ne plaît pas particulièrement aux investisseurs.

Plus froid partout

Pour en arriver à cette prédiction plutôt pessimiste, Peter Sklar a analysé les températures moyennes ainsi que les quantités de neige tombées en mars, dans six grandes villes au pays (Toronto, Montréal, Vancouver, Calgary, Edmonton et Winnipeg).

Ses graphiques sont éloquents : par rapport à mars 2016, il a fait bien plus froid dans toutes les villes. Et si Toronto et Winnipeg ont été épargnés par la neige, ce ne fut pas le cas à Montréal (58 cm plutôt que 25 cm), Vancouver, Edmonton et Calgary (7 fois plus de précipitations).

« Nous avons aussi constaté qu'il y a eu, cet hiver, 22 alertes pour des conditions météo extrêmes comparativement à 12, en 2016, dans le marché clé de Canadian Tire qu'est Toronto », écrit Peter Sklar.

Changements d'habitude

L'analyse convient que la neige fait vendre « des équipements pour les sports nécessitant de la neige », ce qui est positif pour Canadian Tire. Mais « quand il y a trop de neige ou des conditions extrêmes, les consommateurs ne peuvent pas se rendre dans les magasins ».

Et quand l'hiver n'en finit plus de finir, ça nuit aussi. « Nous croyons que [la froideur de mars] a pu retarder la saison des achats printaniers et, en conséquence, affecter négativement le premier trimestre de Canadian Tire », ajoute-t-il.

En réduisant ses attentes pour les mois d'hiver, Peter Sklar a également réduit celles pour l'ensemble de l'exercice, qui passent d'un bénéfice net par action de 10,27 $ à 10,14 $.

Qu'en pense la Financière Banque Nationale ?

À la Financière Banque Nationale, on prévoit que Canadian Tire réalisera un bénéfice par action de 1,00 $ (consensus à 97 cents). Le dernier rapport de l'analyste Vishal Shreedhar, daté du 8 mai, n'évoque pas le facteur météo. L'expert, optimiste, affirme que le détaillant « continuera à bénéficier de son assortiment de produits renouvelé, de son marketing et de son analyse améliorée des données ».

Chez Desjardins Marché des capitaux, on s'inquiète davantage de l'impact de la météo sur les résultats du 2e trimestre étant donné « le commencement décalé du printemps ». L'analyste Keith Howlett note, en outre, que les services financiers génèrent environ 80 % des bénéfices de ce trimestre qui est, par ailleurs, le plus faible des quatre (contribution d'environ 10 % au bénéfice net annuel).

Qui a vu juste ? La réponse jeudi matin.