Les amateurs de belles boutiques, de découvertes culinaires et d'art ont de quoi s'occuper au centre-ville de Saint-Hyacinthe. La rue des Cascades et tout le quartier autour du marché public bourdonnent d'activités. À tel point que des commerçants sont étonnés de voir combien leurs affaires vont bien.

« On est obligés d'agrandir. On a un succès incroyable ! », lance Yvan Migner, propriétaire de la boutique À vos pieds. En septembre, il triplera la superficie de son commerce, ce qui lui permettra notamment de commencer à vendre des chaussures pour hommes. Le Montréalais a ouvert son commerce il y a trois ans dans la rue des Cascades. Et il est tombé amoureux de Saint-Hyacinthe au point d'y déménager.

C'est aussi le cas de Joe Omobono, qui a ouvert son restaurant La vie la vie au printemps 2015. « C'est incroyable ce qu'il y a ici. Je suis fier de faire partie de cette communauté d'affaires. »

« Ça va trop bien, je capote. J'ai fait zéro publicité et ça croît plus vite que ce que je suis capable de faire. »

« J'ai toujours été dans les centres commerciaux et j'avais peu du pignon sur rue, relate Carole Beaudoin, propriétaire de la boutique Douceur Matern'elle. Ça va faire deux ans en novembre que ma boutique est ouverte et je suis surprise [par son succès]. À la vente-trottoir, j'ai vendu deux fois plus que l'an dernier. Ceux qui se déplacent ne repartent pas les mains vides. »

La volonté de créer un pôle culturel

À la Société de développement commercial (SDC), on attribue ce succès à « la volonté politique ». Pour « relancer le centre-ville », les élus ont construit, en 2006, le Centre des arts Juliette-Lassonde (deux salles de spectacles) près du marché public, plutôt qu'à proximité de l'autoroute. « Ça a relancé toute la restauration », lance le directeur général de la SDC.

« Le marché public, c'est le coeur du centre-ville, poursuit-il. La salle Juliette-Lassonde, c'est le poumon. [...] Ceux qui consomment de la culture sont dans la classe moyenne et ils ont de l'argent pour consommer. »

La Ville a aussi lancé un programme de subventions pour favoriser la restauration des façades, la plupart de style « boomtown ». La SDC calcule qu'au moins une trentaine d'édifices en ont profité depuis 10 ans. Ce qui contribue grandement au charme des lieux, à son homogénéité.

De son côté, la SDC « travaille beaucoup l'animation », en finançant notamment Les samedis culturels, organisés par l'organisme Forum-2020 et les communautés culturelles. Il y a aussi des spectacles en rodage et d'artistes de la relève au bar Le Zaricot, qui amène du monde dans le coin. Et une salle d'exposition d'art contemporain au deuxième étage du marché public, le plus ancien du Québec.

Victime de son succès

Ce marché public, quoique petit, attire les résidants du coin et des environs avec son offre complète, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur pendant la saison estivale. La pâtisserie Demi-Calorie vaut particulièrement le détour, ne serait-ce que pour ses amusants « cheeseburgers » sucrés.

Il y en a aussi pour tous les goûts dans la rue des Cascades. On y retrouve une belle variété de boutiques proposant des vêtements pour enfants (Cousin Cousine), du thé (L'heure du thé), des bijoux originaux et des idées-cadeaux (Boutique Amandine), des articles de cuisine (L'univers de la cuisine), des livres et de la papeterie (Librairie Daignault) et des vêtements (Strauss, Etcetera, Audrey Mode).

À l'instar d'autres artères commerciales, la rue des Cascades souffre du manque de stationnements. Et l'arrivée de parcomètres électroniques a provoqué bien du mécontentement, racontent les commerçants. Surtout auprès de la clientèle âgée - particulièrement nombreuse à Saint-Hyacinthe - qui peinait en à comprendre le fonctionnement.

Mais il s'agit là de petits désagréments que bien des commerçants sur d'autres artères échangeraient contre leurs défis.

Le carnet d'adresse

1849: Produits de l'érable 4 saisons

Que peut-on faire avec du sirop d'érable ? Des centaines de produits, comme le prouve cette boutique qui déborde de chocolats, de barbe à papa, de vinaigrettes, de bonbons, de gâteaux, de tartes et de meringues. La sélection est tellement vaste qu'on ne sait plus où regarder ! Certaines gâteries sont fabriquées sur place, d'autres proviennent d'une vingtaine de fournisseurs. Toutes les fins de semaine de l'année, on peut s'y procurer des fèves au lard chaudes. La boutique familiale propose aussi des marinades, dont un populaire ketchup aux concombres fabriqué par mamie Réjeanne, 92 ans et demi.

1765: À vos pieds

Ici, pas de bouts pointus, pas de talons aiguilles. La petite boutique se spécialise dans les chaussures pour femmes qui ne torturent pas les pieds, mais qui ont du style. « Ce n'est pas parce que c'est confortable que c'est ennuyant ! », lance le propriétaire, Yvan Migner. On y trouve les marques européennes Cloud, Ara, Remonte, Dorking et Pikolinos, entre autres. Jetez également un coup d'oeil aux originaux sacs à main, fabriqués par des artisans québécois, dont certains sont exclusifs à la boutique maskoutaine. Vous trouverez des marques plus chic en face, chez La Cabottine.

1711: Picard l'apanage du vin

Manuel Picard, propriétaire du restaurant Le Bouffon, et sa conjointe Martine Labonté, viennent d'ouvrir une boutique consacrée à la consommation de vin, de bière et de spiritueux. Verrerie, tire-bouchons, barils pour faire vieillir soi-même son vin, couteaux Laguiole et accessoires pour le fromage sont offerts dans un décor soigné d'où émane une ambiance feutrée. Le couple construit aussi des caves à vin, et offre divers cours, sur place ou dans le local de votre choix.

1660: Les passions de Manon

Si vous croisez la propriétaire des lieux - ce qui est fort probable - vous comprendrez instantanément pourquoi elle a baptisé ainsi son épicerie fine. Passionnée d'huile d'olive, Manon Robert peut vous parler des subtilités gustatives de ses 200 différentes bouteilles pendant des heures ! Assoyez-vous sur les tabourets de son comptoir à dégustation avant de faire votre choix, il est là pour ça. La boutique propose 11 000 autres produits : chocolats, cafés, thés, confitures, bonbons en vrac, sauces BBQ et piquantes, ainsi que de jolis sacs fabriqués à Madagascar.

1298: Douceur Matern'elle

Vêtements de maternité et d'allaitement fabriqués au Québec, robes Jules et Jim (de Montréal) qui rendent les bedons ronds sexy, t-shirts rigolos Bedondine (de Granby), accessoires pour bébés, couches lavables... Douceur Matern'elle réunit tout ça sous un même toit. « Nous avons nos collections exclusives, faites par nos couturières ici, à Saint-Hyacinthe », précise la propriétaire, Carole Beaudoin. La boutique offre également une belle sélection de vêtements de taille plus (pour femmes enceintes ou pas).

438, AVENUE SAINT-SIMON: La vie la vie

Ce petit resto sympathique vaut le mini-détour sur l'avenue Saint-Simon. On y sert des plats végétariens pour amateurs de viande, en quelque sorte. Car ce n'est pas le royaume des salades vertes, encore moins du tofu, que le propriétaire, Joe Omobono, n'aime pas. Au menu : poulet au beurre, poulet tao, sauté de crevettes et mijoté d'agneau, tous concoctés à partir d'une protéine de soya. Nous avons particulièrement aimé le chili, avec ses pacanes à l'érable. Plusieurs plats sont sans gluten et environ 75 % sont végétaliens, dont le macaroni au fromage... pas de fromage.

442, AVENUE SAINT-SIMON: Mimosa fleurs et cadeaux

N'allez pas croire que Mimosa est un fleuriste comme les autres. En fait, les fleurs n'occupent qu'un petit espace de ce charmant commerce tenu par Maria Carmela Omobono, la soeur de Joe, de La vie la vie. Ceux qui aiment fouiner seront servis : on y trouve de la jolie vaisselle, des horloges, des luminaires originaux, des carpettes colorées, des savons, des bougies, de la papeterie. Et la fameuse Chalk Paint d'Annie Sloan (qui adhère à tout) vendue uniquement dans une poignée de boutiques au Québec.