Après Sobeys dans ses supermarchés IGA, c'est au tour de Walmart de réduire le prix de certains articles dans les sections alimentaires de ses magasins Supercentres, a constaté un analyste du secteur.

Keith Howlett, de Desjardins marchés des capitaux, estime que le géant du commerce de détail, qui exploite 318 Supercentres au pays, dont 48 au Québec, a agi de la sorte pour renforcer sa politique du meilleur prix garanti.

Cette constatation survient quelques semaines après que Sobeys eut annoncé une baisse des prix de quelque 8500 articles oscillant entre 5 et 7 % dans ses 289 supermarchés IGA du Québec, une stratégie qui a également été accompagnée d'ajustements à la hausse de certains prix.

Sans aller jusqu'à déclencher une guerre de prix, ces décisions risquent d'accentuer la concurrence déjà féroce dans le secteur de l'alimentation, souligne M. Howlett.

«Ces politiques de prix risquent d'avoir des répercussions si elles sont maintenues», écrit l'analyste dans un rapport envoyé à ses clients.

Chez Walmart, les réductions concernent principalement des produits dont la date de péremption est supérieure à 90 jours et qui se trouvent dans les allées du centre des épiceries, écrit M. Howlett.

L'analyste a dressé ce constat dans le cadre d'une tournée de magasins entamée en février visant à déterminer dans quelle proportion l'augmentation du prix de certains produits provoquée par l'appréciation du dollar américain avait été refilée aux consommateurs.

Celui-ci a alors observé certaines différences notables chez Walmart et d'autres bannières à rabais sur une gamme d'articles dont la ventilation n'est toutefois pas disponible.

«Nous comprenons que l'entreprise veut consolider sa politique au chapitre des prix en réduisant les prix sur une sélection d'articles dans les rangées du centre de sa section alimentaire (et qui sont) importants aux yeux des consommateurs», écrit l'analyste.

M. Howlett estime que les femmes avec des enfants âgés de moins de 12 ans figurent parmi les clients ciblés par le géant du commerce de détail.

Tout en mettant des bâtons dans les roues de Sobeys, cette décision de Walmart - considéré par l'analyste comme une bannière alimentaire à rabais - pourrait également forcer Loblaw à emboîter le pas, croit M. Howlett.

Par ailleurs, la direction de Loblaw, qui dévoilait mercredi ses résultats du premier trimestre, a dit s'attendre à un ralentissement de l'inflation du panier d'alimentation, ce qui devrait faire redescendre plus tôt que tard le prix des aliments.

De son côté, Sylvain Charlebois, doyen à la faculté de management de l'Université Dalhousie, ne s'est pas montré surpris par cette «stratégie défensive» déployée par Walmart.

Au cours d'un entretien téléphonique, il a souligné que les joueurs du secteur alimentaire se «bousculent» actuellement dans l'espoir de renverser le déclin du trafic dans cette section des épiceries, où se trouvent les produits des marques privées dont les marges sont plus élevées.

«L'ensemble du secteur peine à y arriver, explique l'expert. La plupart des gens s'intéressent davantage aux produits frais comme les fruits et légumes, les viandes ainsi que la section de la boulangerie.»

L'épicier québécois Metro a récemment indiqué qu'il comptait analyser la stratégie de son concurrent Sobeys au cours des semaines à venir, mais que pour le moment, des baisses de prix ne figuraient pas au menu.

Puisque l'entreprise génère la majorité de son chiffre d'affaires au Québec, M. Charlebois croit qu'elle dispose d'une certaine marge de manoeuvre.

«Metro mise beaucoup sur les produits frais, explique-t-il. Ce n'est pas nécessairement un enjeu pour la société d'amener les gens au centre du magasin. Sa marque privée n'est pas aussi importante que celle de Loblaw ou Sobeys, par exemple.»

Bien qu'il n'écarte pas la possibilité de voir Metro réagir, M. Charlebois estime que cet enjeu n'est pas d'une «importance capitale» pour l'épicier.