La Coop fédérée s'estime en bonne position pour attirer des marchands indépendants de Rona si ces derniers décident de ne pas poursuivre leur relation d'affaires avec Lowe's.

La coopérative derrière les quincailleries Unimat ainsi que le Groupe BMR ne cache pas qu'elle suit attentivement ce qui se passe du côté des 261 magasins de proximité - dont 151 se trouvent au Québec - de Rona.

«Nous sommes dans une phase où l'on se courtise et se regarde», a expliqué jeudi son chef de la direction, Gaétan Desroches, au cours d'un entretien téléphonique, en marge de la 94e assemblée annuelle.

D'après lui, l'achat de Rona par Lowe's pour 3,2 milliards $ pourrait stimuler la croissance de la Coop fédérée, qui a des ambitions au Québec ainsi que dans l'Est du pays dans le secteur du commerce de détail.

Depuis l'acquisition de la totalité du Groupe BMR, il y a un peu plus d'un an, la coopérative exploite quelque 350 centres de rénovation et quincailleries au Québec qui génèrent des revenus annuels estimés à 1,4 milliard $.

En attendant la conclusion de la transaction, M. Desroches a expliqué que la Coop fédérée était sur la «table à dessin» afin de peaufiner sa stratégie marketing.

Ayant pratiquement tourné la page sur l'intégration du Groupe BMR, la Coop fédérée s'estime capable d'ajouter d'accueillir de nouveaux établissements au sein de son réseau.

«Il ne faut pas sous-estimer Lowe's, at-t-il dit. Mais il y a une fenêtre pour un quincailler comme nous capable de livrer partout au Québec. Il faudra bien jouer nos cartes.»

Le chef de la direction de la Coop fédérée est bien au fait que d'autres quincaillers, comme Home Hardware, font également de l'oeil aux marchands indépendants de Rona, mais il estime que la coopérative québécoise est mieux placée pour répondre à leurs besoins.

Celui-ci a notamment fait valoir son offre de matériaux de construction.

M. Desroches est bien conscient que la concurrence devrait devenir encore plus féroce au Canada dans le cadre de l'affrontement qui s'annonce entre les géants comme Home Depot et Lowe's, mais il croit que Groupe BMR et Unimat peuvent tirer leur épingle du jeu.

«Il faudra être agiles et diminuer nos coûts, mais les consommateurs apprécient aussi le commerce de proximité et nous sommes assez bons là-dedans, a-t-il expliqué. BMR, c'est québécois à 100 pour cent, ça peut toucher une corde sensible. C'est certain que nous allons mettre cela en valeur.»

La Coop fédérée a également profité de sa 94 assemblée générale pour dévoiler des ventes de 6 milliards $ pour son exercice terminé le 31 octobre, en hausse de 11,5 pour cent par rapport à 2014.

M. Desroches a en partie attribué ce résultat à la performance de sa division viandes, dans laquelle se trouve sa filiale Olymel - qui a enregistré le meilleur résultat de ses 25 ans d'histoire.

«Les investissements des dernières années ont aidé, tout comme le dollar américain», a analysé le chef de la direction de la Coop fédérée.

Les ventes ont également affiché une progression considérable dans l'Ouest canadien ainsi qu'en Ontario, où les conditions météorologiques ont eu une incidence positive sur les récoltes de blé et de maïs.

Son excédent avant ristournes attribuable aux membres a progressé de 29,7 pour cent, à 95,7 millions $. Au total, 35 millions $ ont été distribués en ristournes, soit 40 pour cent de plus qu'en 2014.

Par ailleurs, le projet d'usine d'engrais à Bécancour, dans le Centre-du-Québec, mis en veilleuse une deuxième fois par la Coop fédérée ainsi que la coopérative indienne IFFCO, n'a pas été abandonné, a assuré M. Desroches.

Questionné à ce sujet, il a toutefois indiqué que les travaux ne pourront commencer tant et aussi longtemps que les prix des matières premières ne recommenceront pas à remonter.