Raymond Paré, vice-président et chef de la direction financière de Couche-Tard, a démissionné de son poste afin de poursuivre d'autres intérêts et de consacrer plus de temps à sa famille.

L'action de Couche-Tard s'est repliée d'un peu plus de 2%, hier, pour glisser sous la barre des 60$ à la Bourse de Toronto après la démission-surprise d'un dirigeant qui a joué un rôle-clé dans les grandes acquisitions des dernières années, telles Statoil et The Pantry.

L'annonce du départ de Raymond Paré, qui était chef de la direction financière depuis 7 ans et qui travaillait chez Couche-Tard depuis 13 ans, soulève des questions même s'il a été clairement indiqué qu'il quittait son poste après avoir fait part de son intention de passer à autre chose et de consacrer plus de temps à sa famille. Les analystes s'attendaient tous à ce que Raymond Paré continue de jouer un rôle de premier plan dans la croissance future de l'entreprise.

Le départ de Raymond Paré est le résultat d'une discussion à l'interne qui s'est amorcée il y a «plusieurs mois», mais qui ne s'est finalement précisé que dans les «dernières semaines», a-t-il été indiqué hier au cours d'une conférence téléphonique.

Il y a trois semaines, au cours de l'assemblée annuelle de Couche-Tard, Raymond Paré s'était directement adressé aux actionnaires et avait par la suite participé à la conférence de presse organisée en marge de l'assemblée. Rien ne laissait croire que son départ était imminent.

Plusieurs analystes se sont montrés stupéfaits. «Bien que l'agenda soit toujours bien rempli chez Couche-Tard, le timing de la démission me surprend», a commenté Keith Howlett, chez Desjardins.

«Mon interprétation est que le nouveau PDG, Brian Hannasch, apporte des ajustements pour que l'équipe de direction colle davantage à son style et à son approche», dit Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale.

La réaction du marché n'a rien d'étonnant, selon l'analyste Peter Sklar, de la BMO. «La démission d'un chef des finances a souvent un effet perturbateur», dit-il, ajoutant que la nouvelle dynamique qui s'installe après l'arrivée d'un nouveau PDG peut souvent mener à des changements imprévus au sein de la haute direction d'une entreprise.

Brian Hannasch a succédé à Alain Bouchard au poste de PDG il y a à peine un an. Il faudra voir qui sera le successeur de Raymond Paré aux finances et de quelle façon M. Hannasch voudra interagir avec lui. Le siège social de Couche-Tard est situé à Laval, mais Brian Hannasch est un Américain qui habite en Indiana.

M. Hannasch s'attend à ce que l'identité du prochain chef de la direction financière soit connue «assez rapidement». Il a également dit avoir envisagé d'attendre que le successeur de Raymond Paré soit choisi avant le départ de ce dernier. «Mais compte tenu de l'expérience de l'équipe en place, nous n'avons pas jugé que c'était nécessaire.»

Appelé à préciser les critères qui serviront à sélectionner le prochain chef de la direction financière, Brian Hannasch a précisé que le poste est moins «technique qu'il y a 10 ans et plus stratégique». Être bon communicateur, être un bon partenaire pour la haute direction, avoir une vision stratégique et être bilingue sont tous des éléments qualifiés d'importants par Brian Hannasch.

«Voyager moins»

Raymond Paré a expliqué à La Presse que ça faisait un moment qu'il souhaitait diminuer ses déplacements. Dans ses fonctions de chef de la direction financière de Couche-Tard, il était appelé à voyager à l'extérieur du Québec deux ou trois semaines par mois. «Souvent pendant des semaines complètes», dit le gestionnaire de 46 ans, père de quatre enfants âgés de 6 à 13 ans.

«Ce n'était pas, au départ, une décision claire de quitter l'entreprise. J'ai partagé des observations que j'avais d'un point de vue familial. Il faut être conscient que le responsable des finances de Couche-Tard ne peut pas s'imaginer pouvoir rester dans un bureau et ne pas voyager. Ça fait partie de la tâche.»

Raymond Paré restera disponible pour assurer la transition qui s'effectuera avec son successeur, mais affirme avoir déjà une bonne idée de ce qui l'attend au niveau professionnel. Ce sera annoncé au moment opportun, lance-t-il, disant vouloir s'accorder «quelques semaines de repos».

Il est toujours membre de deux conseils d'administration, celui d'Inovalis, une fiducie de placement immobilier, et celui de la Maison des soins palliatifs de Laval.

Il entend d'ailleurs explorer la possibilité de devenir membre d'autres conseils d'administration. Il dit qu'il a été pressenti dans le passé mais qu'il refusait systématiquement les invitations en raison de son emploi du temps. «Il ne faudra pas toutefois que ça me replace dans une situation similaire à celle que j'essaie de corriger.»

Raymond Paré entend aussi participer davantage à la construction de sa future résidence de Rosemère. «Ça fait cinq ans que je reporte la construction de cette maison et, cette année, ma femme m'a clairement demandé de m'y mettre.»