La participation d'Argon 18 au prochain Tour de France a déjà commencé à rapporter. Depuis que le fabricant montréalais de vélos a annoncé la commandite d'une équipe allemande, l'été dernier, ses ventes ont bondi de 30%.

«La demande a augmenté au Canada et dans des pays comme l'Allemagne et la Chine. Nous sommes aussi entrés aux Émirats arabes unis, ce qui fait que nous sommes maintenant présents dans plus de 60 pays», affirme le président fondateur d'Argon 18, Gervais Rioux.

D'ici trois ans, l'entreprise ambitionne de doubler son chiffre d'affaires, qui oscille actuellement entre 10 et 20 millions de dollars. «Nous voulons devenir le leader parmi les marques spécialisées», a précisé M. Rioux, qui est coactionnaire d'Argon 18 avec son frère Martin.

L'entreprise fabrique actuellement plus de 10 000 vélos par année, vendus à des prix qui varient entre 700 et 15 000$. De 2000 à 3000 d'entre eux, soit ceux qui sont destinés au marché nord-américain, sont assemblés à l'atelier d'Argon 18 situé dans le quartier Parc-Extension, qui a été agrandi plusieurs fois et où travaillent aujourd'hui 35 personnes. Les vélos vendus dans le reste du monde sont assemblés par un sous-traitant taïwanais, et ce, depuis plusieurs années.

Offensive aux États-Unis

Argon 18 mise beaucoup sur les États-Unis. Depuis l'an dernier, l'entreprise dispose de son propre entrepôt au Nevada, ayant racheté celui de son ancien distributeur américain. Elle a embauché huit représentants qui arpentent les boutiques de vélos du pays.

La Banque de développement du Canada et le Fonds de solidarité FTQ ont annoncé hier avoir consenti de nouveaux prêts à Argon 18 pour aider l'entreprise à accélérer son développement. Argon 18 pourra ainsi investir davantage dans la recherche et développement et la commercialisation de ses vélos. Le montant des prêts n'a pas été divulgué. C'est la troisième fois depuis 2002 que les deux institutions financières investissent dans l'entreprise (les prêts antérieurs ont été remboursés).

«Plus tard cette année, nous ferons des annonces qui révolutionneront le monde du vélo», a lancé Gervais Rioux, sans vouloir en dire davantage.

À la fine pointe de la technologie cycliste, Argon 18 s'affaire à devenir une PME aussi concurrentielle que possible sur le plan de l'exploitation. Il y a deux ans, l'entreprise a recruté Stéphane Mayer, ancien gestionnaire d'usine de Saputo, comme directeur général. Et depuis un an, Gervais Rioux se fait «coacher» par un mentor expérimenté du monde des affaires.

Acquisitions plutôt que vente

Les frères Rioux ont déjà reçu deux offres d'achat pour leur PME. Ils les ont poliment refusées.

«Non seulement nous ne voulons pas vendre, mais nous aimerions réaliser des acquisitions, même d'entreprises plus grosses que la nôtre», précise Gervais Rioux.

Aucun expert ne prédit une victoire de la jeune équipe Bora-Argon 18 au Tour de France. Mais pour le fabricant québécois, la visibilité que lui procurera l'événement télédiffusé dans 150 pays aura une valeur inestimable. Plus tôt cette année, l'équipe a remporté des étapes dans le Tour du Qatar, le Tour de Bavière et le Tour du Trentin.