Nouveau type de centre commercial

La multiplication des supercentres, ces regroupements de grandes surfaces en bordure des autoroutes, est aussi une conséquence directe de l'arrivée de Walmart. «Ç'a été une locomotive», note Jean-François Grenier, directeur principal au Groupe Altus. Ce nouveau type de centre commercial a-t-il vidé les centres-villes? «Moins que les mails», répond cet expert en immobilier commercial, puisque les supercentres n'ont pas attiré les boutiques de vêtements.

Relations avec les fournisseurs

Du côté des manufacturiers, le bilan n'est pas dévastateur, disent-ils. «Moi, on me dit que Walmart est un client juste. Il n'y a pas de frais de listing et quand on signe une entente, ça ne change pas», rapporte Sylvie Cloutier, PDG du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC). «Il y a des fournisseurs heureux, mais d'autres qui ont été étranglés, au point où ils ont dû délocaliser leur production en Chine ou ailleurs pour accoter les prix et avoir assez de volume. C'est arrivé dans le secteur du vêtement, des chaussures, des articles de sport», raconte Renée Dubé.

Consommateurs plus exigeants

Quant aux consommateurs, leurs attentes ont changé, constate le propriétaire de la chaîne de magasins à bas prix Korvette, Daniel Binette. En 20 ans, Walmart «a fait disparaître la notion de plein prix», ce qu'il qualifie «d'impact majeur» pour l'industrie. «Les gens s'attendent à des bas prix tous les jours. Ils ne veulent plus de up and down.» L'homme d'affaires comprend l'attrait de Walmart auprès des consommateurs. «Les gens ont le choix entre une Kia et une Mercedes au même prix. Je ne peux pas leur reprocher de prendre la Mercedes.»

Flexibilité syndicale

Walmart a aussi eu un impact sur les syndicats de ses concurrents (des épiciers, surtout) en les forçant à être plus flexibles, résume Tony Filato, président de la section locale 500 des TUAC, sur un ton serein. «On ne peut plus empêcher les fournisseurs de venir remplir les tablettes comme c'est le cas chez Walmart. Avant, c'était une clause qu'on ne cédait pas facilement. Aujourd'hui, on explique à nos membres que c'est nécessaire pour survivre. [...] On ne permettra pas à Walmart de prendre les parts de marché de nos chaînes de supermarchés syndiquées.»