Les boutiques Clair de lune, qui vendent surtout des chandelles et des lampes aromatiques, tentent d'éviter la faillite. Le détaillant montréalais fera une proposition à ses créanciers. Il leur doit plus de 10 millions de dollars, a appris La Presse Affaires.

L'entreprise possède, selon son site web, 65 magasins répartis entre Toronto et Terre-Neuve-et-Labrador.

Elle a été cofondée en 1996 par les frères Albert Lévy (président et chef de la direction) et Jimmy Lévy (vice-président), qui en sont les copropriétaires. Ces derniers n'ont pas voulu nous accorder d'entrevue.

Le 6 décembre, Les produits aromatiques Clair de lune inc. ont déposé un avis d'intention de faire une proposition à leurs créanciers en vertu de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. Cette procédure permet aux sociétés en difficulté financière de restructurer leurs activités.

Mais le contrôleur de l'entreprise, Roger Turcotte, nie qu'il s'agit d'une restructuration. «C'est un avis d'intention pour fermer quelques magasins qui sont très, très loin, à Roberval, à Sainte-Marie et à Cap-de-la-Madeleine», nous a-t-il affirmé, sans pouvoir préciser à quel moment les fermetures auront lieu. Au total, le détaillant espère éliminer 12 magasins et renégocier plusieurs de ses baux.

Dans les centres commerciaux visés, la fermeture des magasins Zellers et Hart aurait fait baisser l'achalandage, ce qui a été «très difficile» pour Clair de lune, explique Roger Turcotte. Les problèmes financiers auraient commencé «l'an dernier à cause de l'économie».

Un nouveau concept coûteux

Au même moment, le détaillant lançait un nouveau concept «encore plus volumineux faisant place aux meubles tendance, [à] des lustres spectaculaires et encore plus d'articles décoratifs et [de] petits trésors», affirme-t-il sur sa page web, sans le nommer.

Il s'agit de toute évidence de Kasa Living (quatre boutiques). «Ça a bouffé beaucoup de sous. Il a fait des erreurs. Et là, il est en retard dans ses loyers de quelques mois», confie le représentant d'un propriétaire immobilier qui préfère ne pas être identifié et qui qualifie ces déboires «d'imprévisibles, vu que c'est un bon opérateur».

La liste des créanciers privilégiés compte 25 propriétaires de centres commerciaux. La Banque de Montréal est le plus important créancier ordinaire: Clair de lune lui doit 4,45 millions. L'institution financière fait aussi partie des créanciers garantis (montant inconnu). Le détaillant doit également plus de 1 million à Investissements Continental Capital, un prêteur privé de Saint-Laurent.

Une vente de fermeture qui s'éternise

Sur le site des Galeries de la Chaudière, à Sainte-Marie, en Beauce, on peut voir une photo du magasin Clair de lune dans lequel il y a quatre affiches «Fermeture - Tout doit être vendu». Elles n'ont étonnamment pas été accrochées récemment.

«Ça fait deux ans qu'on leur demande d'enlever leurs affiches! On ne veut plus voir ça! Deux ans, c'est désagréable pour les clients. On les met dehors, on ne renouvellera pas leur bail. Il n'est pas permis de faire une vente de fermeture sans le consentement du propriétaire [Immostar, depuis l'été dernier]», relate le superviseur Roger McLaughlin. Chez Immostar, on était un peu moins catégorique, affirmant que la date de fermeture n'avait pas été fixée. Les ventes de la boutique ne seraient pas mauvaises.

Sur son site transactionnel, Clair de lune vante sa forte croissance. «Dans les cinq dernières années, Clair de Lune a triplé le nombre de ses boutiques et développe ses opérations et infrastructures afin de soutenir sa croissance future.»

Présente en Ontario depuis 2005, elle distribue ses produits au Moyen-Orient depuis 2012 à d'autres commerces. Son siège social est situé rue Locke, près du IKEA de Montréal.